lundi 7 septembre 2015

Rome: Via Fani, Via Caetani.

Un vrai pèlerinage Aldo Moro doit contenir la visite des “rues de la douleur”, à Rome.
 J’avais très vite rejetée l’idée initiale d’aller à Rome avec un animal, que ce soit Heidi ou Gamin. On n’entre pas dans une ville qu’on ne peut pas traverser en une journée. Telle est la règle des randonneurs équestres et asins. Je dirais que c’est même pas une question de durée. La grande ville est éviter à tout prix, point barre.

J’avais donc profité de mon séjour à Torrita pour me rendre à Rome en train. Pour l’aller, je fus même acheminée en voiture par un mes hôteliers.



La Via Mario Fani, lieu du drame mortel, le 16.03.1978

La Via Fani. Ce qui la rend si sordide, c’est sa banalité : Une petite rue, comme elle existe dans n’importe quelle ville. Elle n’a absolument rien de spécial.
Dans mon imagination, la Via Fani était plus grande, plus importante et plus large. Peut-être, parce que les choses qui ont un rapport avec Aldo, sont toujours grands est spacieux. Comme le lointain azur des Pouilles ou le panorama à couper le souffle de Torrita Tiberina.

Aldo Moro et son escorte ont donc emprunté la Via Fani ce matin là, le 16 Mars 1978. Ils venaient de la Via Trionfale, où habita la famille Moro. La rue monte un peu et puis, elle croise la Via Stresa.

Le carrefour manque un peu de visibilité. Une voiture venant de la Via Stresa risque de ne pas être vue. Cette situation de base, courante, a servi de lieu idéal pour une des embuscades les plus brutales de l’histoire...

Aujourd’hui, rien ne rappelle la tragédie. La Rue est retournée à son état de banalité originel. Ah si! Une plaque commémorative indique les noms des cinq hommes d’escorte qui furent massacrés ce jour là. On y voit aussi leur photos.



 Les cinq hommes sont souvent appellés "I caduti della via Fani"  (Les tombés de la Via Fani, ou martyrs de la Via Fani) De nombreuses rues en Italie portent ce nom.

Deux ont été bien connus à Torrita. On m’a parlé d’eux. “Le chauffeur, ce fut un homme très bien, très gentil” m’a-t-on dit. Tous ont eu de la famille, des amis. Ils ont eu des plans pour l’avenir. Ils furent fauchés par la mitraille  et froidement éliminés, Un massacre sans pitié.

La plaque ne parle pas d’Aldo. Et c’est bien. Ca, on le sait, ou alors on ne le sait pas. Que veux tu que je te dise.L’escorte de Moro est encore plus oubliée que lui même. C’est donc très juste que la Via Fani leur "appartient" à eux seule.

Pour visiter la Via Caetani, il faut de nouveau prendre le bus et aller à pied. Je me noie dans une foule de touristes qui cherche “les grandes adresses”, comme le colossé. Et moi, seule, perdue, je n’ai pas d’yeux pour les grands monuments de Rome. Je suis à la recherche d’une rue que personne ne connaît et dont tout le monde s’en fout.



Un des monuments les plus photographiés du monde.  Ma photo n'a jamais eu la vocation d'être un chef d'oeuvre du genre - elle montre plutôt comme j'ai vu Rome ce jour là ; Stressée, le cœur lourd.


La Via Caetani est pareillement petite et étroite. Elle aussi, je me l’avais imaginée plus large, plus grande, plus...enfin autrement. Si les Brigades Rouges n’avaient pas signalé leur “déposition” par téléphone, il est sûr qu’on n’aurait pas retrouvé Aldo de si vite. Des jours auraient passés, jusqu’à ce que quelqu’un remarque l’odeur...

Au moins une humiliation qui lui a été épargnée.



La Via Michellangelo Caetani


Tableau de bronze commémoratif et portrait d'Ado Moro.

Là aussi, une grande plaque de bronze. Le texte qui ne se devine sur aucune photo - les miennes incluses - est beaucoup plus accusateur que je ne l’avais osé espérer. 

Je rentre à Torrita Tiberina. Oui, rentrer, car Torrita est devenu “la maison”. Une maison dont  il sera difficile de se séparer.  

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