mardi 13 janvier 2015

Surmonter le noir

2015 a fait une entrée terrible. D'abord,  un incendie dans le village et puis...
 "7/01"
Les ondes du choc sont toujours sensibles. Une lourde et pesante paralysie enveloppe tout le pays.

Je suis moi aussi sous  l'emprise du traumatisme. Je fais depuis longtemps régulièrement des coups de déprime mais en général, je parviens à me ressaisir. Cette fois-ci j'ai un mal énorme à redémarrer. Il me semble inconcevable de continuer alors qu'eux, ne continueront pas.

Pour la toute première fois depuis ma décision de faire le pèlerinage, j'ai perdu ma motivation. L'Italie et Aldo Moro me semblent bien loins.
Ces rêves colorés et délirants de montagnes majestueuses, de plages claires, de cigales et d'étoiles - tout ça s'est évanoui pour devenir qu'une lointaine illusion.

La sortie avec le cheval aujourd'hui  était plus un devoir qu'autre chose.
Il faut bien faire bouger l'animal.
En chemin je m'énerve sur les erreurs commises par la jument. Et une fois de plus, elle s'emporte avec un violent bond en avant, soudain et sans raison apparente. Je parviens à la retenir, éviter qu'elle ne s'emballe pour de vrai. Mais je suis agacée et  je lui crie dessus.

Arrivée au carrefour du ruisseau des Cailloux, je vois que le cours d'eau est en crue. La fonte des neiges l'a transformé en rivière agitée, débordante sur les rives, noyant par bouts le chemin côtoyant. Un sapin abattu par la tempête gît en travers et n'arrange pas les choses.

Je sais que plus tard,  sur le voyage, il y en aura encore des situations comme celle là. Pire même !
Et voilà que ça me démotive encore plus.
Non ! aucune envie de descendre là, juste pour aller me casser la figure.  Je n'ai plus qu'une seule impulsion ; faire demi-tour, renter la jument au parc et puis me caler sur le canapé.




C'est un moment crucial. Si je rentre, je ne retournerai pas demain pour voir si le chemin est dégagé.  Je le sais : si je fais demi-tour maintenant, ce sera pour de bon.
Adieu, Aldo !

Dénouer avec l'âme aimée me semble encore plus inconcevable que tout autre chose. Mais c'est ça ou alors faire un effort et aller me balader dans la merde.
Je descends la pente raide, tapotant dans la gadoue. La jument me suit, trop vite d'abord, je la freine. Et on arrive en bas.  Nous contournons l'arbre couché en remontant dans la forêt, pour ensuite redescendre vers la rive. Heidi me suit et franchit les crevasses et les pierres glissantes. L'obstacle est  derrière nous.

 La lumière danse sur les vagues du ruisseau et semble transporter un bonjour des lointaines Pouilles.



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