vendredi 11 septembre 2015

Les Abruzzes sauvages

Si je continue juste tout droit vers le sud je finis par.... tomber dans la mer. Ou tout au moins, par atterrir en Calabre. Pour aller en Pouilles, il faut donc, à un certain moment, procédér à un virement assez prononçé vers l’est. Ce tournant, j’avais prévu de le faire après avoir passé la hauteur de Naples.

Depuis mon entrée en Italie, on m’avait déconseillé de traverser la Campagnia. Trop d’insécurité, peu d’espace vraiment naturel et surtout,une grosse agglomération, celle de Naples.
Rome n’est déjà pas facile de contourner : depuis mon départ de Torrita Tiberina, je me suis retrouvée prisonnière de toutes ces rues qui mènent à Rome. Un centre de gravitation auquel on n’échappe pas si facilement. Si l'agglomération de Naples est pire, il est clair que mon trajet n’est pas optimal.



Crépuscule à Monterotondo

Une alternative consiste à bifurquer vers l’Est dès maintenant, vers les Abruzzes. Ce virement vers l’est, il faut donc l’anticiper.

Le problème avec ça, c’est qu’on aura de nouveau de la montagne à faire ; avec des pentes, des sentiers merdouilleux, des loups, des ours et tout ce qui va avec. Mais franchement, je préfère finir dans la gueule d’un loup que sous un camion à Rome. Ou dans une prison romaine pour avoir bouffé vif un passant qui aurait crié “ooooh un âne” un fois de trop.

Nous attaquions donc le Monte Gennaro sur un sentier raide. L’ascension se passait bien, malgré l’état du sentier parfois vraiment limite.



Sur le sentier qui mène au Monte Gennaro

Une fois arrivé sur le haut plateau, nous traversions une forêt composée de gros arbres. De véritables personnalités! Chacun unique, chacun vieux de plusieurs centenaires. Un paysage magique comme issu d’un conte de fées.



Des arbres singuliers règnent sur le Haut-plateau.


Finalement, une vaste prairie parsemée de rochers et de buissons s’ouvrit devant nous. Le Prato della chiesetta. Une grande plaine, peuplée de chevaux et de bovins. Des troupeaux qui vivent ici, librement, sans clôture aucune. Un spectacle grandiose!



Un buffle. 


Parfois, les loups viennent pour se servir...


Je plantais la tente près de la petite cabane en pierre. La nuit fut tranquille, mais au petit matin, j’entendis Gamin braire...de loin. Je me ruais hors de la tente pour voir où était l’âne.
Eh ben, le voilà parti!
Il faisait encore nuit, seule une petite lueur derrière les crêtes annoncait l’aube. Sur l’immense prairie, on voyait les ombres des chevaux et des bovins, mais pas celui de Gamin. Je cherchais, je l’appellais. Rien.

A l’aurore, j’avais espoir de le retrouver. Enfin plus de visibilité. Mais toujours rien. Un harde de chevaux descendait d’une lointaine colline sous un tonnerre de galopade, puis disparut à nouveau dans un canyon. Et si ils avaient emmené Gamin avec eux.? Normalement, un âne ne s’éloigne pas trop du camp. Mais ici, avec tous ces troupeaux...
Et une autre pensée; Si il a fui des loups? Qui sait si ces prédateurs se sont rendus compte qu’il était attaché et donc une proie facile. Des milles pensées me tracassaient.

Après une heure, un groupe d’hommes arriva. Je leur exposais mon problème. Ils étaient tout de suite prêts à m’aider. Mais assez pessimistes: “C’est tellement grand ici, il te faudra peut être des jours pour le retrouver.”

J’étais prête à attendre ici jusqu’à ce que je retrouve mon Gamin. J’avais des provisions pour deux jours. Les hommes me proposèrent qu’ils me ramèneraient des vivres si vraiment, je devais ester plus longtemps que ça.

On parlait et soudain. L’un d’eux pointait vers une colline: “C’est un âne, non?

Eh oui! le voilà. Quand il me vit, Gamin courut vers moi. Quel soulagement. Je remerciais les hommes et nous quittions le haut plateau pour descendre à Licenza.

Nous laissions derrière nous un des lieux les plus exceptionnels, les plus sauvages et les plus beaux du voyage.


4 commentaires:

  1. bonjour diana
    il se regale ton gamin !!il fait des fugues !!
    je n'aurais jamais pensé qu'il existe encore de tel espaces encore (presque) vierge!!
    tu vie dans un autre siecle! le tient.
    il était une fois dans l'ouest, ou encore, duel a ok coral. le face a face de gamin et du buffle noir, affrontement a l'italienne.
    au fait, en dessous naple, dans la province d'avellino! je connais une famille qui habite un petit village! volturara irpina ! peu etre sur ton parcour ???
    didier

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    1. Bonjour Didier!

      Oui, dans les Abruzzes, on pourrait tourner un western sans problèmes. C'est un espace naturel vraiment sauvage, pas une forêt à ballades. Mais alors, la peur quand je ne retrouvais plus Gamin...

      Oh, tu as des amis près de Naples? Ce aurait été sympa d'aller les voir, mais justement j'essaye de contourner Naples amplement. Je me trouve actuellement sur une voie sud-est-est.

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  2. salut diana ! le petit village, volturara irpina ce trouve au nord est de naple !!
    naple direction avelino et volturara irpina ! il y a 80 kms de naple a volturara irpina .
    ca te fait quand mème un sacré detour par rapport a ta destination ! mais, si tu veus aller t'y ressourcer quelques temps, tu y sera bien accuillie ! c'est en pleine campagne, toi et le gamin y seraient comme des coqs en pattes !!!
    c'est a toi de voir. si tu décide de passer par la, je ferais en sorte que tu puisse y rester autant de temps que tu le désire sans qu'il ne te coute rien .
    bonne route diana
    didier

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    1. Bonjour Didier, en effet, ce serait alors idéal. Vu la culture d'hospitalité qui règne dans ce pays, je n'ai aucun doute que l'accueil chez tes amis serait merveilleux ! mais en effet, je passe beaucoup trop à l'est. Je suis déjà profondément au centre, dans les Abruzzes et je vais me diriger direction côte adriatique pour atteindre le plus vite possible un terrain plus plat.
      BISES

      Diana

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