Voilà des mois que je e suis entraînée avec Heidi. Nous avons fait bien des progrès et gagné beaucoup d’expérience. Mais son état s’est altéré, des côtes de plus en plus voyantes, des remarques, de la part du véto, du maréchal ferrant...J’ai augmenté la ration, sans succès. Et avec la dégradation physique, s’ajoutait une dégradation mentale. Heidi est devenue de plus en plus peureuse.
Deux mois avant le départ, il fallut donc se poser la question en toute honnêteté : Est ce que je peux emmener Heidi avec moi au pèlerinage ou est-ce trop risqué?
Si déjà la nourriture qu’elle reçoit à la maison ne suffit pas, comment fera-t-on en cours de route? Dans le désert de Basilicate? Comment va-t-elle réagir aux traversées de grosses axes, des passages à niveau, des grandes zones industrielles?
La réponse est aussi accablante que claire: Elle ne le fera pas.
Et du coup, je me suis retrouvé au point de départ, au ground zéro. Le projet est mort - à moins de trouver un autre animal.
Ca c’est passé très rapidement.
Un annonce : «Super âne de randonnée - a fait St Jacques de Compostelle».
Et voilà que, une semaine plus tard à peine, je me suis retrouvée en Ardèche en train de me balader avec un gentil bourricot du nom de Gamin, accompagnée par ses propriétaires.
Le couple sont des randonneurs expérimentés et j’ai passé deux jours merveilleux à jouir de leur hospitalité, de leurs conseils, leur savoir et de l’intérêt qu’ils portent à mon projet. Un tout nouveau monde s’est ouvert à moi. Le projet a redémarré en force. Et maintenant c’est parti pour de bon!
J’ai donc acheté Gamin. Mais il n’est pas question de dépenser mes toutes dernières ressources pour faire transporter le brave bourricot des Rhône-Alpes jusqu’en Lorraine.
Seule solution: Je change l’itinéraire. Le point de départ ne sera pas ma maison, mais celle de Gamin, en Ardèche.
Cela signifie que toute la partie Suisse du trajet est supprimée. Je vais entrer en Italie en passant par le Vercors puis redescendre sur les Alpes Maritimes. C’est seulement au sud de Gênes qu’on reprendra l’ancienne route, telle qu’elle fut prévue au départ.
Je m’étais réjouie de passer par la Suisse.
Mais il ne faut pas oublier que cette étape n'est pas «le» pèlerinage. Le pèlerinage, c’est Aldo Moro, Torrita Tiberina et Maglie. Et cet itinéraire là, restera intact.
Aldo..Je lui ai promis de faire ce pèlerinage, coûte que coûte.
Eh bien, mon cher, tu vois : j’ai déjà dépensé une fortune et le plus dur restera à faire. Mais je n’abandonne pas.
Je vais donc descendre en Ardèche le 15 Avril en train. Le 16 sera le jour pour une ballade de test avec le chargement final, derniers préparatifs. Et le 17, ce sera le grand départ.
Le compte à rebours à commencé.