mardi 28 avril 2015

L'ascension infernale

Bon, j’ai eu ma première journée pourrie du voyage.

J’ai quitté Le village de Bouvante pour aller à lente et ainsi corriger ma route. Mais le sentier, un GR, a vite dégénéré:
au début, ce fut encore assez joli :



mais très vite, ça a été ça :



 (Pourquoi les photos n’arrivent-elles jamais à reproduire la raideur de la pente? )


Les rochers et cailloux, à travers lesquels coulait un ruisseau furent déjà très pénibles. Mais les troncs d’arbre en travers étaient un obstacle sérieux. Gamin bloquait évidemment et il a fallu le débâter pour qu’il puisse sauter ou grimper par-dessus. En fait, j’aurais déjà dû faire demi-tour dès le premier arbre, mais après d'avoir surmonté ce dernier avec tant de mal, je rejetais l’idée que tout l’effort fût en vain et donc je continuais. Gamin bloquait tous les deux mètres, ce fut une horreur.



C’était le dernier arbre, j’espère ?


Oh, noooon!


Bref, ça s’empirait de plus en plus et la pluie se mettait à tomber très fort.
Deux heures de lutte plus tard, nous avions presque atteint le sommet. Et voilà la vue qui se présentait à nous :



L’enfer des arbres et de la roche. Plus de passage possible.
Ça y est, il fallait faire demi-tour.

Sur le sol, un panneau en bois cassé portait l’inscription : “Sentier en cours de réhabilitation. Merci de votre compréhension”.
Merci beaucoup, Trouduc! T’aurais pu dire ça avant.
Mieux : Un GR dans cet état devrait tout bonnement être fermé à l’accès publique.

Donc voilà, il fallait redescendre. Et refranchir tous les obstacles. La pluie devenue battante transformait le petit sentier raide en patinoire, on glissait sur les rochers et s’enfonçait dans la gadoue. Une fois, en débâtant Gamin pour le faire passer un obstacle, voilà que le rouleau comportant mon sac de couchage et le matelas me glissait de la main, tombait par terre, rebondissait sur le bord du chemin et hop - tombait dans le vide gouffre.
J’étais pétrifiée d’horreur. Mon beau duvet ! Perdu à jamais.

La descente devint de plus en plus difficile. Gamin n’en pouvait plus, moi non plus. Je tirais sur sa corde, je l’engueulais, même si je savais bien que je lui demandais de passer par des obstacles que moi-même, à sa place, je ne franchirais sous aucun prétexte, car il n’y avait plus aucun sol dur où mettre pied et sabot.

Je ne sais pas combien de fois j’ai glissé et que je suis tombée dans la merde, me retenant de justesse afin de ne pas partager le sort de mon duvet.
Pendant un moment, je croyais bien que ceci allait être notre tombe. Le froid, la fatigue et la pluie m'épuisaient.
Mais finalement nous avions réussi à redescendre jusqu’à Bouvante où nous réapparurent, trempés jusqu’aux os, à l’hôtel.
Quelle journée, quelle perte.

Aujourd’hui, la gérante de l’hôtel m’a emmenée à Saint Jean, où j’ai pu acheter un nouveau sac de couchage plus matelas. Ça m’a coûté la peau des fesses, mais il n’y avait pas le choix. À l'heure qu'il est, je recalibre la charge et je recalcule un autre itinéraire.
Direction sud, exit tous les montagnes de plus de 1000 mètres et au moindre doute, je privilège la route aux GR de merde. Voilà.


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