dimanche 26 avril 2015

Vertigo

Vous allez monter là-haut avec cet âne”? 

L’homme qui me lançait la question, s’était précipité hors de son jardin quand il nous avait vus passer, Gamin et moi.
Oui” lui répondis-je. *”Ah, mais attention! Un peu avant du plateau il y a une sorte de trappe en roche, une falaise, je ne pense pas que l’âne ne puisse l’escalader. C’est pour ça que je me suis permis de vous interpeller”.
Je le remerciais pour son information, décidée de tenter ma chance malgré tout. Je pouvais toujours débâter l’âne et le faire passer à vide. 

Et c’est ainsi que nous nous éloignâmes de Peyrus pour attaquer le Vercors via le GR 93. Le petit sentier devint vite étroit et raide. Très raide. Les cailloux et les racines dont il était parsemée forme des petites marches pour le piéton, mais sont très dures pour un quadrupède à sabots.



Au bout d’un moment, Gamin bloquait. Je mettais du temps pour le faire avancer à - juste un mètre  - et rebelote. Refus total. Donc rebelote idem pour moi et mes tentatives d’encouragement.
Allant ainsi de blocage en blocage nous mettions un temps fou pour monter ce sentier, vraiment très difficile.
 Et la fameuse trappe de pierre alors? J’avais espéré que nous l’avions déjà passée, que ce fut un des nombreux passages ultra difficiles déjà maîtrisés. Eh bien non. Du coup, derrière un tournant, la voici:



Impossible de franchir ça, même pas vide. 

Pas question de faire demi-tour, alors j’ai cherché à contourner l’obstacle en passant direct dans la broussaille pour monter un peu plus à droite et puis regagner ainsi le GR. Succès!
Peu après, l’ascension était terminée. Et nous voilà sur le plateau par du Touet. 



Une superbe étendue d’herbes et de pierres erratiques, comme issu d’un autre monde. Nous poursuivions notre chemin jusqu’à Léoncel. 


À la mairie, une affiche donnait le numéro à appeler si on était randonneur en quête de logis pou la nuit. Quel service ! Peu après, me voici en train de dresser la tente sur le pré derrière l’église. 
La nuit, de fortes rafales de vent venaient tester si la tente était aussi résistante envers les intempéries que l’avait promis le fabriquant. En tout cas cette nuit-là, elle tint le coup.


Le lendemain matin, nous regagnions le GR pour très vite se retrouver sur un sentier ultra-raide. Gamin bloquait. Une pancarte avisait “Ascension fortement déconseillée aux cavaliers et aux VTT tistes.” Ah bon. Sans doute encore une merde qui nous attendait là-haut, dans les rochers. 

Cette fois, j’écoutais mon âne et nous prenions la départementale pour contourner les rochers en question. Tout bête et sans gloire, mais sans nous avoir cassé tous les os non plus .

Plus tard, nous nous rendions à nouveau sur le GR, qui ous menait en plein de l’immensité du Vercors. 


Un spectacle encore plus hallucinant quand nous atteignions le col de la bataille.


Une vue panoramique de tous les côtes. Magnifique, oui mais...

J’avais les genoux en guimauve, l’estomac qui tournait, les entrailles en nœuds... Le vertige ! Le mal de l’altitude! 

J’ai toujours été acrophobe su les bords, mais pas tellement en montagne. Mais là, c’était le gros paquet.
Le col est à 1313 mètres - ce n’est pas vraiment beaucoup, - mais vous voyez bien les images - il y a assez de vide tout autour pour faire chavirer le cerveau. Je n’avais plus qu’une envie. Descendre de là, le mieux serait en rampant à plat ventre, au milieu de la route....

Finalement nous avions réussi à nous éloigner du col de la bataille pour arriver au refuge de Gradiol. (Tiens! Ça sonne comme Gradoli... Personne ne dira que nous ne sommes pas sur la bonne route!)
Le refuge n’est pas gardé et assez rudimentaire ; un dortoir, un poêle. Pas d’électricité et bien entendu, aucun réseau pour portable ou internet.




Un cahier de visiteurs gisait sur la table. Nombre de pages furent arrachées. En lisant les écrits, on comprit vite pourquoi ; “désolée d’avoir dû arracher presque la moitié des pages, mais on a eu tellement froid et il n’y a pas de papier pour faire du feu.” Eh oui? Il n’y en a pas. Et colle j’avais très froid moi aussi, je suivais l’exemple dès mes prédécesseurs, tout en espérant de devoir saccager le cahier le moins possible. Il m’a fallu 5 pages pour arriver mes fins.

Si un jour vous passez par Gradiol, sachez que d’y déposer une pile de vieux quotidiens sera un don apprécié par la communauté des randonneurs.
La nuit dans ce bâtiment ne fut pas vraiment agréable. Rien que d’y penser qu’a priori tout le monde peut y entrer n’importe quand pour se coucher tes côtés n’est pas vraiment rassurant. J’aurais préféré ma tente, mais ce soir-là, j’avais été trop fatigué pour la monter, bien qu’il soit autorisé de bivouaquer côté du refuge.
Le refuge a même un corral pour les chevaux des voyageurs. Mais il est trop spacieux pour un âne qui passerait en dessous des poutres. Gamin a donc eu droit son câble, comme chaque nuit.
E lendemain le GR était censé de nous mener sur le plateau d'Ambel, un endroit encore plus haut où on se balade sur les bords d’une crête, un gouffre sans fond a porté de main ou plutôt de pied. 

Non. Désolée, mais c’est trop haut. Vient s’ajouter le mauvais temps. 

Il fallait donc faire quelques réflexions de base. Le Vercors ‘est que le début. Dans les alpes, les GR mènent à des attitudes loin au-delà de ce qui m’a fait trembler sur le Col de la bataille. 
Il faut modifier le tracé. Contourner plus au sud les plus gros pics. Il n’y a pas d’autre solution.

Et ainsi nous resplendîmes la route sans gloire de la départementale qui nous damnait jusqu’à Bouvante, petit village tout de même pourvu d’un hôtel où, grâce à la connexion Wi-Fi je eusse retracé un nouveau trajet à charger sur le GPS. Demain on fera la “boucle corrective” qui nous amènera sur le né nouveau, droit chemin. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire