mercredi 24 juin 2015

La route de la chevalerie

Après avoir passé la nuit dans la montagne - La nuit suivant l’accident de Gamin - nous reprîmes le chemin au petit matin. J’avais réparé le bât avec les moyens du bord, en serrant les croisillons avec des sangles. Ça allait pour le moment, mais il était clair que ça ne tiendrait pas 1500 Kilomètres.

Le sentier continuait à monter raide vers la crête. Gamin suivait sans problèmes - un autre signe rassurant qu’il n’était pas blessé. Il devait certainement avoir des “bleus” et des bosses invisibles pour mes yeux, mais rien qui ne l’empêchait d’avancer normalement.

L’ascension était difficile comme d’habitude sur ce genre de sentier. L’idée de devoir faire ça en *descente* après avoir atteint le sommet, me faisait peur.
Eh bien non! Ce qui nous attendait de l’autre côté de la montagne était une belle piste de terre bien entretenue. Elle nous menait à travers des forêts agréablement fraîches, jusqu’à la vallée.

Il était temps de chercher un quartier pour la nuit. Je me dirigeais en direction de la ville d’Imperia, Il y un camping, paraît-il.
La route était longue et il faisait chaud.

C’est alors qu’un homme s’arrêta avec sa voiture près de nous. Il se présentait comme ayant lui même deux chevaux et me proposait de camper sur son terrain. Il fallait juste entreprendre une autre montée de 3 kilomètres pour y arriver.
Mais quand on *sait* qu’il y a refuge au bout, on *peut* le faire.

La soirée chez Luca - pompier de son effectif et cavalier passionné - était très agréable et sympathique. Il téléphonait à des amis qui ont un centre équestre à San Bartolomeo pour leur demander si je pouvais venir chez eux pour la nuit à venir.

Imperia - san Bartolomeo, c’est faisable, si on longe la côte et si on part de bonne heure. Encore : Quand on sait où on va et qu’on n’a pas à calculer une “réserve de force” pour la recherche du quartier, même une étape plus longue que d’habitude est envisageable.


Un âne au bord de la mer.


Le “Piccolo Ranch” à San Bartolomeo nous accueillit gracieusement, grâce à la recommandation de Luca. “C’est un homme d’une infinie gentillesse” disait Maurizio, propriétaire du centre équestre.

Gamin faisait un peu la gueule, car il devait prendre place dans un petit paddock, avec pour voisins des chevaux et y manger du foin et des granulés. Il se sentait sans doute mis de côté. Il est vrai qu’il a l’habitude d’un pré où il peut brouter attaché à proximité de la tente.
Mais je ne peux pas toujours lui offrir ça - et de moins en moins, car plus l’été arrive, plus on avance vers le sud, plus l’herbe verte et fraîche devient rare.

Maurizio me proposa à son tour de téléphoner à des amis plus loin et dans la bonne direction, afin qu’il fassent la prochaine étape dans cette filière de cavaliers - filière de chevalerie !

“La Tentuta Scafarda”, tel est le nom d’un petit élevage de chevaux - qui a des ânes en bonus - situé en avant poste du chemin panoramique de San Bernardo.


Le chemin panoramique de San Bernardo

Je partis de bonne heure pour faire un maximum de route avant l’arrivée de la chaleur.

Malheureusement, nous nous perdions dans la montagne et les labyrinthes d’oliviers. Le terrain ne matchait ni avec le GPS, ni avec la carte. Après sans doute trois heures d’errance, je me résignais à descendre vers la côte pour suivre la Via Aurélia, une route bourrée de voitures, afin d’arriver à Andora.

Le Soleil tapait comme du plomp, la fatigue et le mal de dos ajoutaient au désarroi. Nous sortions de la ville pour reprendre la montagne. Sur la Carte, le chemin vers La Scarfarda semblait être encore infiniment long. C’est alors que j’aperçus sur la gauche un Agriturismo apellé “Castel Rio”.
Je profitais du fait que la patronne s’émerveillait sur Gamin pour lui demander l’hospitalité. Après quelques hésitations et un appel avec le portable, ce fut gagné et je reçus la permission de planter la tente dans l’enclos des poules - royaume incontesté de Joey le coq, qui appréciait pas du tout notre intrusion.

Puis vint la patronne pour me proposer de passer la nuit dans une de leurs chambres. Je répondis que je n’avais plus trop les moyens de me payer une chambre.
“Ah non, c’est, bon je vous l’offre. Vous y serez à l’abri et vous aurez un bon lit pour changer".

 En effet, mon matelas iso épais de 1,4 cm, source principale de mes problèmes de dos avait par surcroît une fuite, comme quoi je dormais quasiment sur la terre platte depuis quelques jours.

Offre acceptée avec gratitude !
A présent, il ne restait plus qu’à téléphoner à La Scafarda pour leur dire que je viendrais un jour plus tard.

Déjà au téléphone, Cindy, la patronne m’avait paru énormément sympathique. Comme quoi je me réjouissais d’arriver chez elle et son compagnon Massimiliano, le lendemain.

Le jour suivant, il s’averait que seuls quelques minuscules kilomètres séparent La Scarfarda du Castel Rio. Arrg! Et si j’avais fait un dernier ultime effort hier?
Non, je pense, que tout était bien ainsi. Car étant arrivée de bonheur, j’avais encore toute la journée à passer avec Cindy.

Gamin eut de nouveau droit à un paddock. Cette fois, il en avait déjà un peu l’habitude. Les carottes de Cindy apaisaient également son désarroi. Quand à moi, on me montra une charmante petite cabane qui respirait l’intimité et la convivialité à la fois. Sur la table, un plat, un petit chocolat, le café et des tasses.
“On a déjà préparé tout ça hier” me disait Cindy.
En ces moments là, Je sais que je n’ai rien à envier à absolument personne, aussi riche soit il. Car ça, ça ne s’achète pas.

Je parlais de mon bât cassé et Cindy décida de m’aider. Elle m’emèna en ville où, près avoir mangé dans le restaurant de plage qu’elle et Massimiliano entretiennent, nous partions à la recherche d’un artisan du bois.
Le premier n’avait pas le temps et le second n’était pas joignable. Après d’autres essais, nous nous résignions à aller acheter du matériel pour réparer le bât par nous même. Ou plutôt, ce serait Massimiliano qui s’en occuperait.

Après, nous faisions les courses. Je profitais pour m’acheter un matelas gonflable -  un vrai.

Bref, un tour énormément important en Compagnie de Cindy et de son Bébé, Elia. Car à côté de leurs trois entreprises (!), Cindy et Massimiliano sont aussi de jeunes parents.
On peut se demander comment ils font : infatigables, travailleurs, avec des journées remplies à ras. Et malgré tout, prêts à accueillir une inconnue, une voyageuse du loin. Et ceci avec une générosité et une gentillesse sans pareil.
Son amour du détail, son sens du style, son amitié et son ouverture d’esprit m’ont profondément impressionné chez Cindy. Je suis fière de la connaître.

Le soir, elle me ramena le bât - réparé nickel par Massimiliano !
Un très gros souci de moins.

Ces jours passés sur “la route des chevaux” qui avait commencé avec Luca et qui se termina chez Cindy furent inoubliables. Ils respirent cet ancien et véritable esprit du cavalier - oui, de la chevalerie.
Chaque cœur est un feu de camp auprès duquel peuvent se réchauffer frères et sœurs qui voyagent au pas des sabots.

4 commentaires:

  1. salut diana!
    moments exceptionnels dans ton parcourt qui l'est tout autant !
    encore une fois j'ai du mal a laisser un commentaire !
    de peur qu'il ne soit triste, je reste sans voix!!
    PS encore mieux qu'une ferrari, le gamin sur la riviera !
    prenez soins de vous
    didier

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    1. Didier, la vie est rire est tristesse, il ne faut pas retenir la dernière. Tu peux écrire tout ce qui te vient en tête et coeur.
      Eh oui, je préfère mille fois Gamin à une Ferrari.

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  2. Bonsoir Diana, Gamin, en pleine forme, le bât réparé, grâce à des mains expertes, un bon matelas pour atténuer le mal de dos, des personnes charmantes qui proposent des relais, en résumé toutes les conditions sont réunies pour continuer ce pèlerinage, mais attention à la chaleur Diana, il va falloir se protéger du roi soleil qui va darder ses rayons de plus en plus chaque jour ! Courage !

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  3. Oui, Pierre, la chaleur commence à être un vrai problème. Demain je partirai très tôt et je vais essayer de trouver refuge avant le pic de la chaleur.

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