Eh bien voilà, la grande aventure est terminée : Les montagnes, les vallées, les oliviers, l'accueil à Maglie - tout cela n'est plus qu'un souvenir. 2700 km d'aventure et de découverte sont derrière moi.
Aldo est toujours avec moi. Plus que jamais au plus profond de mon cœur. Il m'a poussé à faire ce pèlerinage et il a eu raison. Il m'a ouvert les portes vers un monde nouveau ; plein de merveilles.
Je suis entrée profondément dans sa culture et son histoire. J'ai fait des rencontres fabuleuses.
Et avec Gamin j'ai trouvé un ami pour la vie.
Gamin est maintenant sur mon petit terrain clôturé. Le soir, on le rentre au box. Il semble bien s'y plaire dans sa nouvelle maison.
Et alors, l'avenir de ce blog? Je continuerai à faire des petits mis à jours. Après tout il y a le livre sur le voyage à écrire et puis il y a le projet du jumelage Harsault-Maglie. Un projet tout aussi "fou" que le pèlerinage.
Je remercie tout ceux et celles qui ont suivi mon blog et qui m'ont fait le grand plaisir de laisser un commentaire de temps à autre.
Donc à bientôt !
samedi 12 décembre 2015
mardi 1 décembre 2015
Les anges de Maglie
A l'heure qu'il est, je me trouve à Merlino, près de Milan. Je suis chez un ami et j'attends que soit "livré" Gamin de Maglie. Quand il sera là, ce même ami vas nous ramener tous les deux à Harsault.
En effet, lors de mon séjour à Maglie, Gamin fut logé dans une écurie de course au trot au nom de Tenuta Sant'Elia, appartenant à Luciano et Salvatore de Luca. Une superbe propriété à 4 Km de Maglie où Gamin trouva bons soins et bon repos après son exploit.
Maglie est donc loin à présent; Mais les souvenirs sont encore tout présents dans mon cœur.
De la Via Lubelli, où j'habitais dans un petit appartement du B&B "Book and Bed".
Eh oui ! "Livre et lit" Parce que l'être n'a pas seulement besoin de "breakfirst" mais aussi de la nourriture pour l'esprit. On trouve donc un choix de livres dans chaque chambre de l'établissement, qui en outre, séduit par sa noblesse élégante. Antonio Leucci, le propriétaire du Book and Bed, m' y a hébergé à titre gratuit tout au long de mon séjour à Maglie. Un cadeau généreux et merveilleux.
La Via Lubelli se trouve au bout de la grande place centrale, la Piazza Aldo Moro. Cette place était anciennement appelée "Piazza Francesca Capece". Un monument en son honneur se trouve encore sur les lieux. Francesca Capece avait offert ses biens à la ville de Maglie, entre autre l'édifice qui devint le Lycée Francesca Capece.
Quand la place fut renommé en faveur d'Aldo Moro (après la mort de celui-ci) cette décision n'avait pas fait l'unanimité des Magliens. Il fut avancé que Francesca Capece avait fait beaucoup plus pour la ville. D'autres retenaient que, pour une fois, qu'on honorait une femme, il ne fallait pas sacrifier celle-ci au profit du'un enième homme, juste parce que celui-ci était né dans la ville et avait eu une fin tragique.
Des arguments valides, certes. Néanmoins, je me sentais bien évidement très bien de vivre aussi intensément près d'une place Aldo Moro. En même temps, mon admiration pour cette femme forte et courageuse que fut Francesca Capece, n'est pas moindre.
Le cœur vivant et battant de la Piazza Aldo Moro est le Caffè della Libertà (Le caffé de la liberté) d'Elio.
Elio avait sponsorisé les affiches qui annonçaient mon arrivée et il m'accordait "carte blanche" pour toute consommation chez lui, durant mon séjour. Je pouvais avoir n'importe quoi, n'importe quand - toujours à titre gratuit.
A chaque fois, Elio me salua avec un sourire, comme j' étais la meilleure chose qui lui est arrivé en ce jour. Ce sourire était un cadeau encore plus grand que tous les cappuccino et les brioches que j'ai eu le plaisir de déguster.
Le Caffè de la Libertà était la base de rencontre journalière, surtout avec Gianni Bucci, grand et cher ami, amabassadeur de Maglie qui chaque jour entreprenait avec moi des tours, des visites et organisait des rencontres. Presque tous les jours il m’emmenait chez lui et sa femme Anna Rita pour le déjeuner. Jamais je ne perdrais l'écharpe douillette qu'Anna Rita m'a offerte pour affronter le froid hivernal à Milan.
Autre grande adresse de cœur : Le musée de Maglie et sa directrice Medica Assunta Orlando. Avec sa bibliothèque attachée. Assunta qui très tôt, longtemps avant mon arrivée physique à Maglie s'était enthousiasmée pour mon voyage me recevait avec une grande amitié. Tout comme Gianni, elle m'assistait dans la recherche active d'un éditeur italien pour le livre du voyage.
Et puis, il y a Lina Monte, une jeune guide touristique qui m'avait hébergée une nuit chez elle et qui était la seule et unique personne qui avait partagé un jour de pèlerinage avec moi, en m'accompagnant sur l'étape jusqu'à Collemeto. Lina était aussi venue avec nous à la visite de Lecce, magnifique ville capitale de la province du même nom, où elle me faisiat pofiter de son savoir.
Si j'avais un souci d’ordinateur ou devais faire un scan, rendez vous dans une petite ruelle, non loin de la Via Lubelli. S'y trouve le magasin informatique de Mario Piccino. Mario, actif bénévole à la protection civile, avait été de service lors de mon arrivée à Maglie. Et maintenant, je pouvais venir dans son magasin, profiter de la WIFI, si la clé 3G faisait la grève.
Toujours à mon écoute aussi la police locale ! plusieurs fois j'allais m'entretenir avec eux et ils me montraient personnellement les bonnes adresses indispensables pour moi ... comme la prochaine papeterie !
Et jamais je n'oublierai la garde d'honneur lors du "grand moment".
A la fin de mon séjour à Maglie, Alessandra Ferramosca, auteur du Blog "my cool kitchen" spécialiste des saveurs du Salento et guide touristique elle aussi, m'avait accompagné sur le marché pour pouvoir m'y procurer ce dont j'avais besoin pour recréer ce plat mythique aimé par Aldo Moro et qu'elle avait cuisiné pour ma ceremonie d'accueil.
Et c'est ainsi que se terminaient ces jours de rêve. Denrier grand cadeau: La commune m’offrait le voyage de Maglie à l'aéroport de Brindisi en voiture de la Police.
Le grand pèlerinage Aldo Moro avait été couronnée par un séjour de luxe dans la ville natale d'Aldo, choyée et chouchoutée par les Magliens, dont je n'ai cité dans ce blog que quelques uns. Je rattraperai les "oublis" plus tard.
Et de toute façon, l'aventure maglienne n'est pas finie!
Car Le maire de Maglie, Ernesto Toma, a officiellement proposé je jumelage de sa ville avec Harsault. Une aventure presque plus "folle" que celui du pèlerinage.
Et ce Blog ? Je vais bien entendu raconter le retour à Harsault et y publier les nouvelles concernant le livre à venir...
En effet, lors de mon séjour à Maglie, Gamin fut logé dans une écurie de course au trot au nom de Tenuta Sant'Elia, appartenant à Luciano et Salvatore de Luca. Une superbe propriété à 4 Km de Maglie où Gamin trouva bons soins et bon repos après son exploit.
Maglie est donc loin à présent; Mais les souvenirs sont encore tout présents dans mon cœur.
Le Campanile de la Chiesa Madre
De la Via Lubelli, où j'habitais dans un petit appartement du B&B "Book and Bed".
Eh oui ! "Livre et lit" Parce que l'être n'a pas seulement besoin de "breakfirst" mais aussi de la nourriture pour l'esprit. On trouve donc un choix de livres dans chaque chambre de l'établissement, qui en outre, séduit par sa noblesse élégante. Antonio Leucci, le propriétaire du Book and Bed, m' y a hébergé à titre gratuit tout au long de mon séjour à Maglie. Un cadeau généreux et merveilleux.
La Via Lubelli se trouve au bout de la grande place centrale, la Piazza Aldo Moro. Cette place était anciennement appelée "Piazza Francesca Capece". Un monument en son honneur se trouve encore sur les lieux. Francesca Capece avait offert ses biens à la ville de Maglie, entre autre l'édifice qui devint le Lycée Francesca Capece.
Quand la place fut renommé en faveur d'Aldo Moro (après la mort de celui-ci) cette décision n'avait pas fait l'unanimité des Magliens. Il fut avancé que Francesca Capece avait fait beaucoup plus pour la ville. D'autres retenaient que, pour une fois, qu'on honorait une femme, il ne fallait pas sacrifier celle-ci au profit du'un enième homme, juste parce que celui-ci était né dans la ville et avait eu une fin tragique.
Des arguments valides, certes. Néanmoins, je me sentais bien évidement très bien de vivre aussi intensément près d'une place Aldo Moro. En même temps, mon admiration pour cette femme forte et courageuse que fut Francesca Capece, n'est pas moindre.
Monument de Francesca Capece, la Bienfaitrice de la ville de Maglie, la mère de sa tradition scolastique.
Elio avait sponsorisé les affiches qui annonçaient mon arrivée et il m'accordait "carte blanche" pour toute consommation chez lui, durant mon séjour. Je pouvais avoir n'importe quoi, n'importe quand - toujours à titre gratuit.
A chaque fois, Elio me salua avec un sourire, comme j' étais la meilleure chose qui lui est arrivé en ce jour. Ce sourire était un cadeau encore plus grand que tous les cappuccino et les brioches que j'ai eu le plaisir de déguster.
L’accueil du caffè de la Libertà, vue de la galerie au premier étage, où chaque matin, je prenais mon petit déjeuner. Derrière le le comptoir ; Elio. Le dessin encadré à gauche de la tête d'Elio est un cadeau de ma ma plume.
Autre grande adresse de cœur : Le musée de Maglie et sa directrice Medica Assunta Orlando. Avec sa bibliothèque attachée. Assunta qui très tôt, longtemps avant mon arrivée physique à Maglie s'était enthousiasmée pour mon voyage me recevait avec une grande amitié. Tout comme Gianni, elle m'assistait dans la recherche active d'un éditeur italien pour le livre du voyage.
Et puis, il y a Lina Monte, une jeune guide touristique qui m'avait hébergée une nuit chez elle et qui était la seule et unique personne qui avait partagé un jour de pèlerinage avec moi, en m'accompagnant sur l'étape jusqu'à Collemeto. Lina était aussi venue avec nous à la visite de Lecce, magnifique ville capitale de la province du même nom, où elle me faisiat pofiter de son savoir.
Une fenêtre à Lecce. Il faut oser...
Si j'avais un souci d’ordinateur ou devais faire un scan, rendez vous dans une petite ruelle, non loin de la Via Lubelli. S'y trouve le magasin informatique de Mario Piccino. Mario, actif bénévole à la protection civile, avait été de service lors de mon arrivée à Maglie. Et maintenant, je pouvais venir dans son magasin, profiter de la WIFI, si la clé 3G faisait la grève.
Toujours à mon écoute aussi la police locale ! plusieurs fois j'allais m'entretenir avec eux et ils me montraient personnellement les bonnes adresses indispensables pour moi ... comme la prochaine papeterie !
Et jamais je n'oublierai la garde d'honneur lors du "grand moment".
Gardiens d'un des instants les plus importants de ma vie.
A la fin de mon séjour à Maglie, Alessandra Ferramosca, auteur du Blog "my cool kitchen" spécialiste des saveurs du Salento et guide touristique elle aussi, m'avait accompagné sur le marché pour pouvoir m'y procurer ce dont j'avais besoin pour recréer ce plat mythique aimé par Aldo Moro et qu'elle avait cuisiné pour ma ceremonie d'accueil.
Et c'est ainsi que se terminaient ces jours de rêve. Denrier grand cadeau: La commune m’offrait le voyage de Maglie à l'aéroport de Brindisi en voiture de la Police.
Le grand pèlerinage Aldo Moro avait été couronnée par un séjour de luxe dans la ville natale d'Aldo, choyée et chouchoutée par les Magliens, dont je n'ai cité dans ce blog que quelques uns. Je rattraperai les "oublis" plus tard.
Et de toute façon, l'aventure maglienne n'est pas finie!
Car Le maire de Maglie, Ernesto Toma, a officiellement proposé je jumelage de sa ville avec Harsault. Une aventure presque plus "folle" que celui du pèlerinage.
Et ce Blog ? Je vais bien entendu raconter le retour à Harsault et y publier les nouvelles concernant le livre à venir...
mercredi 18 novembre 2015
Le grand jour. MAGLIE
Il s’st passé bien des choses depuis le dernier post et aujourd’hui, mais je vais devoir les sauter, parce que...
Je suis arrivée. Arrivée au but, à Maglie. Le pèlerinage est accompli.
Quand j’avais commencé ce périple, j’avais de la peine à visualiser l’arrivée à Maglie. Mais en tout cas, je me voyais seule avec l’âne devant la statue d’aldo Moro, essayant de trouver le courage pour demander à un passant si il voulait bien faire une photo, afin d’avoir, plus tard, la “preuve” de mon arrivée au but.
C’est à peu près depuis la mi septembre que je savais que les choses n’allaient pas être comme ça.
La nouvelle du pèlerinage avait fait le tour du web et des réseaux sociaux et atteint la ville de Maglie bien avant moi. Deux personnes, notamment, Gianni , père d’un membre du conseil communal et Assunta, directrice du Musée Civique local prenaient contact avec moi et me faisaient savoir que la commune allait organiser un accueil officiel.
Je bénéficias d’un suivi très près de la part de Gianni qui n’hésitait pas de venir plusieurs fois à mon encontre durant les dernières étapes pour m’aider à trouver un logis de nuit.
Mes forces étaient à bout, le temps étant devenu très froid et humide et par conséquent, dormir dans la tente était de plus en plus pénible.
Grace au soutien actif de Gianni - et le soutien moral d’un nombre croissant d’internautes italiens, Gamin et moi parvenions à maîtriser les dernières étapes.
La toute dernière étape, le matin du 15 novembre était une petite trotte de 5 Kilomètres de Corgliano à Maglie.D’abord sur des petits chemins de campagne qui aboutirent sur un rondpoint. Là m’attendait une voiture de la polie locale. Mon escorte!
Je suivais la voiture qui avait pour mission de me guider en ville et tenir à l’écart tout cuieux qui voulait anticiper une rencontre, faire une photo. Plus question de ça!
En Ville, il y avait déjà beaucoup de monde. Des grandes affiches annonçaient mon arrivée.
Gamin et moi arrivions zur la Piazza Aldo Moro, et nous fûmes reçus par Ernesto Toma, le maire de Maglie et par bien d’autres.
Elio, le patron du café della Libertà, point de rencontre central sur la Piazza Aldo Moro, nous reçevait et apportait du foin à Gamin. Je le débâtais, entourée par la foule. Gamin était un peu stressé par tout ce monde, mais restait calme.
Ensuite, arriva le grand moment. Je me rendais vers la place, la piazetta Caduti via Fani, devant la statue d’Ado Moro.
Le pèlerinage était achevé.
Le maire prit la parole. Il exprimait son admiration envers mon aventure et également sa compassion envers les les victimes des attentats du 13 Novembre. En effet, l’ombre de la tragédie de Paris planait sur cette journée pourtant censée d’être une journée de joie.
Venue de France, je représentais pour les Magliens quelqu’un dont le pays avait été frappé par le terrorisme et qui était ici pour honorer Aldo, - lui aussi victime du terrorisme. Un esprit d’unité et de compassion s’installait et le pèlerinage évoluait en un symbole de la résistance civile contre la barbarie universelle.
Je tenais par la suite le discours que j’avais préparé quelques semaines auparavant.
Voici la traduction:
“Ce pèlerinage qui se termine aujourd’hui, n’est pas lié à une organisation, un groupe ou une église. Il est né uniquement ans mon cœur.
Quand j’étais enfant, je vis la photo d’Aldo Moro sous le drapeau des Brigades Rouges. Et je vis au fond de ses yeux, toute la douleur du monde.
Des années plus tard, cela est est devenu un appel. Un apel de plus n plus puissant, jour après jour. Il était dans mon art et dans mes rêves. J’ai déçidé de suivre cet appel, malgré la peur. Et la peur je l’avais! La peur de l’inconnu, de l’effort et surtout de me mettre en dehors de toute logique commune.
Je suis partie et j’ai découvert l’Italie avec une perspective unique : Avec les yeux d’une voyageuse ‘un autre siècle. J’ai traversé les montagnes, les vallées, les forêts et les rivières, toujours portée en avant par le vent de la liberté et l’esprit de l’aventure.
Vous, les italiens, m’avez offert votre hospitalité, votre amitié tant précieuse et vous m’avez offert la confiance en moi, que ‘avais perdue.
La question suprême a été: “Mais pourquoi Aldo Moro?”. Tout au long du voyage, j’ai essayé d’y répondre. Je n’ai pas réussi.
Aldo Moro n’était pas seulement un grand homme d’état, il était surtout un âme douce, un esprit plein d’amour et d’ouverture. Il s’est ouvert à moi, une étrangère, une païenne polythéiste.
Sur cette photo sous le drapeau, je vis dans ses yeux non seulement la douleur. Mais aussi une question :
“Pourquoi vivons nous, si les émotions ne sont pas importants. Pourquoi ? Quel sens avons nous? Mes larmes, n’ont elles aucune valeur?”
J’ai fait ce pèlerinage pour dire à Aldo Moro - et au monde entier : Si, tes larmes ont de la valeur!”
***
Je pense que le public a compris ce que je voulais exprimer.
Ensuite, le maire et autres officiels apportaient une grande couronne de fleurs. La banderole portait mon nom “Diana Kennedy - en mémoire d’Aldo Moro”.
Imaginez ma surprise et mon émoi profond. La couronne fut déposée sous la statue, deux gardes de la police véillaient à chaque côté.
Je ne retenais plus mes larmes. Cette cérémonie officielle, cette couronne pour Aldo et pour moi, la ville de Maglie unie avec moi.
Le plus grand instant de man vie.
Je suis arrivée. Arrivée au but, à Maglie. Le pèlerinage est accompli.
La statue d'Aldo Moro, devant sa maison natale. La couronne de fleurs en mon nom,
Un don de la commune de Maglie pour lui et pour moi
Un don de la commune de Maglie pour lui et pour moi
Quand j’avais commencé ce périple, j’avais de la peine à visualiser l’arrivée à Maglie. Mais en tout cas, je me voyais seule avec l’âne devant la statue d’aldo Moro, essayant de trouver le courage pour demander à un passant si il voulait bien faire une photo, afin d’avoir, plus tard, la “preuve” de mon arrivée au but.
C’est à peu près depuis la mi septembre que je savais que les choses n’allaient pas être comme ça.
La nouvelle du pèlerinage avait fait le tour du web et des réseaux sociaux et atteint la ville de Maglie bien avant moi. Deux personnes, notamment, Gianni , père d’un membre du conseil communal et Assunta, directrice du Musée Civique local prenaient contact avec moi et me faisaient savoir que la commune allait organiser un accueil officiel.
Je bénéficias d’un suivi très près de la part de Gianni qui n’hésitait pas de venir plusieurs fois à mon encontre durant les dernières étapes pour m’aider à trouver un logis de nuit.
Mes forces étaient à bout, le temps étant devenu très froid et humide et par conséquent, dormir dans la tente était de plus en plus pénible.
On arrive en ville
A mes côtés: Gianni Bucci
La toute dernière étape, le matin du 15 novembre était une petite trotte de 5 Kilomètres de Corgliano à Maglie.D’abord sur des petits chemins de campagne qui aboutirent sur un rondpoint. Là m’attendait une voiture de la polie locale. Mon escorte!
Je suivais la voiture qui avait pour mission de me guider en ville et tenir à l’écart tout cuieux qui voulait anticiper une rencontre, faire une photo. Plus question de ça!
En Ville, il y avait déjà beaucoup de monde. Des grandes affiches annonçaient mon arrivée.
Gamin et moi arrivions zur la Piazza Aldo Moro, et nous fûmes reçus par Ernesto Toma, le maire de Maglie et par bien d’autres.
Elio, le patron du café della Libertà, point de rencontre central sur la Piazza Aldo Moro, nous reçevait et apportait du foin à Gamin. Je le débâtais, entourée par la foule. Gamin était un peu stressé par tout ce monde, mais restait calme.
Gamin et moi au milieu des citoyens de Maglie
Le pèlerinage était achevé.
Le maire prit la parole. Il exprimait son admiration envers mon aventure et également sa compassion envers les les victimes des attentats du 13 Novembre. En effet, l’ombre de la tragédie de Paris planait sur cette journée pourtant censée d’être une journée de joie.
Venue de France, je représentais pour les Magliens quelqu’un dont le pays avait été frappé par le terrorisme et qui était ici pour honorer Aldo, - lui aussi victime du terrorisme. Un esprit d’unité et de compassion s’installait et le pèlerinage évoluait en un symbole de la résistance civile contre la barbarie universelle.
U coeur dans les couleurs françaises - un cadeau plein d'amour, fait main par Adriana De Rosa
Je tenais par la suite le discours que j’avais préparé quelques semaines auparavant.
Voici la traduction:
“Ce pèlerinage qui se termine aujourd’hui, n’est pas lié à une organisation, un groupe ou une église. Il est né uniquement ans mon cœur.
Quand j’étais enfant, je vis la photo d’Aldo Moro sous le drapeau des Brigades Rouges. Et je vis au fond de ses yeux, toute la douleur du monde.
Des années plus tard, cela est est devenu un appel. Un apel de plus n plus puissant, jour après jour. Il était dans mon art et dans mes rêves. J’ai déçidé de suivre cet appel, malgré la peur. Et la peur je l’avais! La peur de l’inconnu, de l’effort et surtout de me mettre en dehors de toute logique commune.
Je suis partie et j’ai découvert l’Italie avec une perspective unique : Avec les yeux d’une voyageuse ‘un autre siècle. J’ai traversé les montagnes, les vallées, les forêts et les rivières, toujours portée en avant par le vent de la liberté et l’esprit de l’aventure.
Vous, les italiens, m’avez offert votre hospitalité, votre amitié tant précieuse et vous m’avez offert la confiance en moi, que ‘avais perdue.
La question suprême a été: “Mais pourquoi Aldo Moro?”. Tout au long du voyage, j’ai essayé d’y répondre. Je n’ai pas réussi.
Aldo Moro n’était pas seulement un grand homme d’état, il était surtout un âme douce, un esprit plein d’amour et d’ouverture. Il s’est ouvert à moi, une étrangère, une païenne polythéiste.
Sur cette photo sous le drapeau, je vis dans ses yeux non seulement la douleur. Mais aussi une question :
“Pourquoi vivons nous, si les émotions ne sont pas importants. Pourquoi ? Quel sens avons nous? Mes larmes, n’ont elles aucune valeur?”
J’ai fait ce pèlerinage pour dire à Aldo Moro - et au monde entier : Si, tes larmes ont de la valeur!”
***
Je pense que le public a compris ce que je voulais exprimer.
Ensuite, le maire et autres officiels apportaient une grande couronne de fleurs. La banderole portait mon nom “Diana Kennedy - en mémoire d’Aldo Moro”.
Imaginez ma surprise et mon émoi profond. La couronne fut déposée sous la statue, deux gardes de la police véillaient à chaque côté.
Je ne retenais plus mes larmes. Cette cérémonie officielle, cette couronne pour Aldo et pour moi, la ville de Maglie unie avec moi.
Le plus grand instant de man vie.
L'échange des cadeaux.
"exemple de passion et de volonté"
Alessandra Ferramosca, Cuisinière star du Salento, m'a préparé le plat préféré d'Aldo Moro
La presse n'a pas raté l’événement. Derrière moi: Ernesto Toma, maire de la ville de Maglie
Et voilà, la grande aventure est terminée. Je reste encore un peu à Maglie et bien entendu, vous tiendrai au courant de notre voyage de retour. (Pas à pied! )
Et Gamin? A présent il passe des jours de vacances dans un centre hippique, à " kilomètres de Maglie. Repos bien mérité, car soyons francs: le vrai héros de cette aventure, c'est bien lui!
Et Gamin? A présent il passe des jours de vacances dans un centre hippique, à " kilomètres de Maglie. Repos bien mérité, car soyons francs: le vrai héros de cette aventure, c'est bien lui!
samedi 14 novembre 2015
mardi 10 novembre 2015
Les fers du bonheur
“Rivière grise, ville de taille,
Diana arrive, en marche lente,
Les cheveux dénouées,
Les joues creuses.
Son âne, reniflant, la suit.
Ils bivouaquent sur un carré de champ,
Inaperçus des piétons au pas accéléré,
Quelqu’un leur donne du pain et de l’eau,
Même Gamin dit merci.
Puis ils reprennent le chemin,
Des châteaux, des cathédrales, des Trullis et des grottes.
Les sanctuaires et les Masserias prodigieuses des Pouilles silencieuses,
Des Pouilles qui aiment Diana.”
Nunzio di Giulio
C’est bien la première fois dans m’a vie qu’on m’a dédié un poème. Je l’ai traduit de l’italien au mieux que je pouvais. J’ai rencontré Nunzio à la Masseria Le Torri de Michele.
Nunzio est ancien inspecteur chef de la police et il est également écrivain.
j’ai toujours été une inspirée par autrui - le fait d’être devenue à mon tour une inspiration pour les autres, est une expérience nouvelle et fortement touchante. La roue tourne, je prends une autre place dans la vie.
“Cling” “Cling”....
Je connais bien ces bruits de “petites clochettes”; Il accompagne un équidé dont les fers sont usés et sur le point de tomber.
Hé oui! Gamin a été ferré en Toscane. Que des kilomètres faits depuis et voilà que je me trouve en plein milieu de la campagne apulienne avec un âne qui a besoin d’urgence de quatre nouveaux fers. Mais comment et où trouver un maréchal ferrant ?
Nous arrivions à un carrefour et je me reposais sur un petit mur, le temps de réfléchir.
La première chose à faire dans une situation pareille, est de trouver un abri “dur” afin d’avoir une adresse où faire venir un maréchal ferrant.
Une voiture s’arrêta et une jeune femme me demanda si elle pouvait faire des photos. “Je collectionne un peu l’insolite” me disait elle en prenant les clichés.
Bien, très bien. Je lui expliquais mon problème et lui demandais si il y avait un agriturismo dans les parages. Sur ce, elle m’invita à venir chez elle.
Francesca et moi - on s’entendait sur le coup comme deux vieilles amies. Après quelques coups de téléphone, elle avait trouvé un maréchal ferrant qui était sur place deux heures plus tard, accompagné de sa fiancée, Rossella.
Un couple attachant qui harmonisait immédiatement avec nous. Il y avait cette sensation qu’on se connaissait depuis des siècles.
Comme il était symbolique, ce carrefour où je m’étais arrêtée : Quatres rues se rencontrent. Un peu peu comme Francesca, Vinzenzo, Rossella et moi.
Diana arrive, en marche lente,
Les cheveux dénouées,
Les joues creuses.
Son âne, reniflant, la suit.
Ils bivouaquent sur un carré de champ,
Inaperçus des piétons au pas accéléré,
Quelqu’un leur donne du pain et de l’eau,
Même Gamin dit merci.
Puis ils reprennent le chemin,
Des châteaux, des cathédrales, des Trullis et des grottes.
Les sanctuaires et les Masserias prodigieuses des Pouilles silencieuses,
Des Pouilles qui aiment Diana.”
Nunzio di Giulio
C’est bien la première fois dans m’a vie qu’on m’a dédié un poème. Je l’ai traduit de l’italien au mieux que je pouvais. J’ai rencontré Nunzio à la Masseria Le Torri de Michele.
Nunzio est ancien inspecteur chef de la police et il est également écrivain.
j’ai toujours été une inspirée par autrui - le fait d’être devenue à mon tour une inspiration pour les autres, est une expérience nouvelle et fortement touchante. La roue tourne, je prends une autre place dans la vie.
Olivier millénaire
“Cling” “Cling”....
Je connais bien ces bruits de “petites clochettes”; Il accompagne un équidé dont les fers sont usés et sur le point de tomber.
Hé oui! Gamin a été ferré en Toscane. Que des kilomètres faits depuis et voilà que je me trouve en plein milieu de la campagne apulienne avec un âne qui a besoin d’urgence de quatre nouveaux fers. Mais comment et où trouver un maréchal ferrant ?
Nous arrivions à un carrefour et je me reposais sur un petit mur, le temps de réfléchir.
Une photo prise par Francesca, lors d'un moment crucial du voyage.
La première chose à faire dans une situation pareille, est de trouver un abri “dur” afin d’avoir une adresse où faire venir un maréchal ferrant.
Une voiture s’arrêta et une jeune femme me demanda si elle pouvait faire des photos. “Je collectionne un peu l’insolite” me disait elle en prenant les clichés.
Bien, très bien. Je lui expliquais mon problème et lui demandais si il y avait un agriturismo dans les parages. Sur ce, elle m’invita à venir chez elle.
Francesca et moi - on s’entendait sur le coup comme deux vieilles amies. Après quelques coups de téléphone, elle avait trouvé un maréchal ferrant qui était sur place deux heures plus tard, accompagné de sa fiancée, Rossella.
Un couple attachant qui harmonisait immédiatement avec nous. Il y avait cette sensation qu’on se connaissait depuis des siècles.
Comme il était symbolique, ce carrefour où je m’étais arrêtée : Quatres rues se rencontrent. Un peu peu comme Francesca, Vinzenzo, Rossella et moi.
Vicenzo se met au travail. Les fers de Gamin sont usés, il faut les remplacer d'urgence.
Vinzenzo est un maître en son art. Il refilait quatre fers - de vrais fers apuliens, avec des rebords anti-dérapant - à Gamin. Après deux heures de labeur, il prenait le café avec nous, dans la maison de Fracesca. Son prix? Il voudrait que je lui fasse un dessin!
Comme il pleuvait à flots, je restais encore le jour suivant chez Francesca. Un repos plus que bienvenu.
Souvenir. De gauche à droite: Une amie, moi et Francesca
On approchait la ville de Turi et le paysage devenait de plus en plus - apulien: La morosité des champs monotones dans la région de Foggia avait fait place à des Vergers d’oliviers de plus en plus majestueux et des maisons de carractère. Un spectacle magnifique ! Toutefois, la pluie continuait à nous mener la vie dure. Gamin avançait sans se décourager, le brave.
Turi represente un petit détour. Un détour dont je me serais bien passée, puisque le temps était de plus en plus mauvais et que mon unique désir était d’aller vers Maglie en ligne droite.
Gamin fait des rencontres
Mais Turi - et un peu plus loin Fasano, étaient des lieux de rendez-vous à ne pas manquer.
Pourquoi?
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samedi 31 octobre 2015
La pluie, la boue et le ciel
“Bon, vous pouvez mettre votre tente sur notre pré si vous voulez, mais je ne sais pas ce que dira mon mari, il n’est pas encore là”. Un accueil un peu hésitant au début - sur cette petite maison de campagne, près de Lucera.
Mais encore maintenant, plus de 2 semaines plus tard, alors que me trouve déjà beaucoup plus loin, Antonietta et Matteo (ledit mari) me téléphonent régulièrement pour prendre de mes nouvelles. Durant les deux jours que j’ai passé chez eux, il s’est crée une amitié très profonde. J’aime à penser qu’ils sont un peu mes grand-parents apuliens.
Si il m’arriverait un malheur, si je devais pleurer, c’est vers eux que je me tournerais.
Lors de la traversée de Lucera, comme toujours, beaucoup de curiosité succité par Gamin. je rencontre un homme qui m’offre une lasagne et me donne l’adresse d’un ami à San Giusto - vers où je me dirige et justement, où il me faudra un abri. Cet ami, vétérinaire et éleveur de buffles, m’accueille alors comme une reine. Je goûte des fruits exotiques - certains ne poussent que dans des régions précises dans les Pouilles.
Et la filière continue: De San Giusto on m’envoie vers une grande Azienda Agricola.
Elle appartient à Urbano di Leonardis, fils de l’homme politique Donato di Leonardis - un grand ami d’Aldo Moro.
Donato Di Leonardis est malheureusement décédé il y a quelques années. “Il aurait eu un grand plaisir de vous rencontrer et vous parler” m’assure son fils. Et il me remet un livre écrit par son père “L’umanità di Aldo Moro” (l’humanité d’Aldo Moro). Un reccueil très personel de souvenirs qui ont tous pour vocation de démontrer le caractère de Moro.
Une oeuvre que je dévore. A ce jour, je n’ai pas vu de livre plus beau sur Aldo que celui-ci.
Y est aussi publié une collection de lettres écrites par Aldo Moro à son ami. Elles sont privées, voire intimes et permettent un regard profond dans les états d’âmes de Moro. Je suis touchée par son langage poétique, par sa grande sensibilité et ses émotions. Mais je suis également effarée de découvrir un homme souvent triste, qui se sent seul et incompris, plein de regrets et de doutes. “J’ai l’impression de dormir. Comme si ce n’était pas moi qui vit ma vie”.
La “coïncidence” qui m’a fait atterrir sur les lieux des Di Leonardis, je la vois comme un cadeau d’Aldo qui se confie à moi en m’offrant un regard intime dans sa vie intérieure.
Les jours suivants sont marquées par la marche à travers les étendues interminables entre Stornarella et Cerignola. Une zone pauvre, marquée par la crise. Un territoire mal famé, bourrée de déchets qui ‘empilent au bord des longs chemins droits comme tracés à la règle. Avec des maisons en ruine sans habitants et si habitants il y a, des gens pleins de peur et de méfiance.
Et toujours et encore, la pluie, interminable. Elle transforme les sentiers en bain de boue. Gamin glisse, s’enfonce dans la merde et moi je tombe, me salis et me mouille.
Je campe un peu n’importe où. Près des maisons si ça se trouve, pour avoir au moins l’illusion d’un peu de sécurité. Connexion internet : néant, la clé 3G ne prend pas, même pas à proximité des villes. La zone est trop...pourrie.
Matteo appelle souvent, il me dit qu’il ne sera pas tranquille avant d’avoir la certitude que j’ai enfin laissé Cerignola derrière moi. Trop de délinquance, trop de dangers.
Finalement nous arrivions près d’une belle masseria historique : “Le Torri”.
Le Monsieur qui y habite, Michele, m’offre tout de suite l’hospitalité. Pas besoin de planter la tente, il me donne une chambre. Michele a des chevaux, des chèvres et des volailles de tout genre. C’est un véritable havre.
Sur la Masseria, c’est un va et vient continu des amis et voisins de Michele. Et je les comprends! Car Michele est un monsieur charismatique, d’une grande gentillesse chez qui il fait tout simplement bon être.
La Massieria n’a (pas encore) de courant. On se débrouille avec un groupe électrogène, des lampes à piles et à gaz. Après des nuits passées sur des lieux ... disons, un peu douteux, il fait tellement bon de se retrouver dans ce foyer chaleureux.
Parmi les amis innombrables de Michele, è Nunzio qui connaît un journaliste de la Gazetta del Mezzogiorno. Il appelle et le lendemain on fait une interview. Un autre journaliste internet arrive et tourne une petite vidéo.
Les retombées dans la presse se multiplient et ceci commence à se faire sentir. Les demandes d’amitié sur faceook explosent, les messages aussi et comme je n’ai que rarement la connexion internet, une file d’attente considérable se construit en mon “absence”.
Il y a de plus en plus d’articles qui tournent mais qui n’ont pas été réalisés suite à une interview : Les journalistes piquent et copient chez leurs confrères, ce qui crée des erreurs. Ainsi, "La Republica", pourtant un quotidien important en Italie, raconte - pardon - des conneries à la chaîne : Gamin serait un mulet et moi en voyage depuis deux mois avec point de départ Paris.
Bref, la nouvelle se répand en Italie et depuis un certain temps, est égalent arrivée à Maglie, où désormais, on m’attend officiellement. Des citoyens très engagées de Maglie m’ont contacté et font un suivi très proche de mon avancée, tout en préparant le grand jour, la finale..
Mais encore maintenant, plus de 2 semaines plus tard, alors que me trouve déjà beaucoup plus loin, Antonietta et Matteo (ledit mari) me téléphonent régulièrement pour prendre de mes nouvelles. Durant les deux jours que j’ai passé chez eux, il s’est crée une amitié très profonde. J’aime à penser qu’ils sont un peu mes grand-parents apuliens.
Si il m’arriverait un malheur, si je devais pleurer, c’est vers eux que je me tournerais.
Le sud, c'est le soleil - tu parles! ;-)
Lors de la traversée de Lucera, comme toujours, beaucoup de curiosité succité par Gamin. je rencontre un homme qui m’offre une lasagne et me donne l’adresse d’un ami à San Giusto - vers où je me dirige et justement, où il me faudra un abri. Cet ami, vétérinaire et éleveur de buffles, m’accueille alors comme une reine. Je goûte des fruits exotiques - certains ne poussent que dans des régions précises dans les Pouilles.
Et la filière continue: De San Giusto on m’envoie vers une grande Azienda Agricola.
L’azienda Agricola “La Quercia”
Elle appartient à Urbano di Leonardis, fils de l’homme politique Donato di Leonardis - un grand ami d’Aldo Moro.
Donato Di Leonardis est malheureusement décédé il y a quelques années. “Il aurait eu un grand plaisir de vous rencontrer et vous parler” m’assure son fils. Et il me remet un livre écrit par son père “L’umanità di Aldo Moro” (l’humanité d’Aldo Moro). Un reccueil très personel de souvenirs qui ont tous pour vocation de démontrer le caractère de Moro.
Une oeuvre que je dévore. A ce jour, je n’ai pas vu de livre plus beau sur Aldo que celui-ci.
Y est aussi publié une collection de lettres écrites par Aldo Moro à son ami. Elles sont privées, voire intimes et permettent un regard profond dans les états d’âmes de Moro. Je suis touchée par son langage poétique, par sa grande sensibilité et ses émotions. Mais je suis également effarée de découvrir un homme souvent triste, qui se sent seul et incompris, plein de regrets et de doutes. “J’ai l’impression de dormir. Comme si ce n’était pas moi qui vit ma vie”.
La “coïncidence” qui m’a fait atterrir sur les lieux des Di Leonardis, je la vois comme un cadeau d’Aldo qui se confie à moi en m’offrant un regard intime dans sa vie intérieure.
Les jours suivants sont marquées par la marche à travers les étendues interminables entre Stornarella et Cerignola. Une zone pauvre, marquée par la crise. Un territoire mal famé, bourrée de déchets qui ‘empilent au bord des longs chemins droits comme tracés à la règle. Avec des maisons en ruine sans habitants et si habitants il y a, des gens pleins de peur et de méfiance.
Et toujours et encore, la pluie, interminable. Elle transforme les sentiers en bain de boue. Gamin glisse, s’enfonce dans la merde et moi je tombe, me salis et me mouille.
Je campe un peu n’importe où. Près des maisons si ça se trouve, pour avoir au moins l’illusion d’un peu de sécurité. Connexion internet : néant, la clé 3G ne prend pas, même pas à proximité des villes. La zone est trop...pourrie.
Matteo appelle souvent, il me dit qu’il ne sera pas tranquille avant d’avoir la certitude que j’ai enfin laissé Cerignola derrière moi. Trop de délinquance, trop de dangers.
Les bords de la route sont une immense poubelle.
Finalement nous arrivions près d’une belle masseria historique : “Le Torri”.
Le Monsieur qui y habite, Michele, m’offre tout de suite l’hospitalité. Pas besoin de planter la tente, il me donne une chambre. Michele a des chevaux, des chèvres et des volailles de tout genre. C’est un véritable havre.
Gamin a "Le Torri"
Sur la Masseria, c’est un va et vient continu des amis et voisins de Michele. Et je les comprends! Car Michele est un monsieur charismatique, d’une grande gentillesse chez qui il fait tout simplement bon être.
La Massieria n’a (pas encore) de courant. On se débrouille avec un groupe électrogène, des lampes à piles et à gaz. Après des nuits passées sur des lieux ... disons, un peu douteux, il fait tellement bon de se retrouver dans ce foyer chaleureux.
Parmi les amis innombrables de Michele, è Nunzio qui connaît un journaliste de la Gazetta del Mezzogiorno. Il appelle et le lendemain on fait une interview. Un autre journaliste internet arrive et tourne une petite vidéo.
De gauche à droite : moi, Nunzio et Michele
Il y a de plus en plus d’articles qui tournent mais qui n’ont pas été réalisés suite à une interview : Les journalistes piquent et copient chez leurs confrères, ce qui crée des erreurs. Ainsi, "La Republica", pourtant un quotidien important en Italie, raconte - pardon - des conneries à la chaîne : Gamin serait un mulet et moi en voyage depuis deux mois avec point de départ Paris.
Bref, la nouvelle se répand en Italie et depuis un certain temps, est égalent arrivée à Maglie, où désormais, on m’attend officiellement. Des citoyens très engagées de Maglie m’ont contacté et font un suivi très proche de mon avancée, tout en préparant le grand jour, la finale..
mardi 27 octobre 2015
L'entreé en Apulie
La Ligurie, La Toscane, Le Latium, les Abruzzes, Molise ...5 régions italiennes traversées en 6 mois et nous voici, Gamin et moi, arrivées dans la sixième, la région de destination de ce pèlerinage: Les Pouilles.
Les Pouilles couvrent le talon de la botte italienne. Elles sont divisées en plusieures parties: dont Gargano, la Tavoliere delle puglie et la péninsule Salento. Chaque partie a une culture bien distincte. Maglie, la Ville natale d’Aldo Moro, se trouve sur le Salento. Il nous faut donc traverser pratiquement toute la région du nord au sud pour arriver au but.
Mais même en Italie, la Puglia semblent être une “terra icognita.” Dans le nord, peu de gens savent qu’Aldo était apulien et encore moins qu’il était de Maglie ou encore qu’une ville de ce nom existe.
Les animosités de certains italiens du nord envers les méridionaux se concentrent surtout sur la Sicile, notamment la ville de Palerme qui est considérée comme étant un très mauvais endroit. Quand aux Pouilles, on convient sur le fait qu’elles sont belles mais on n’a que peu de sympathie avec ses habitants. “Tutti Stronzi” (Tous des cons) avait insisté la serveuse d’un Bar près de Gênes.
“Fais bien attention! Dans les Pouilles tu ne pourras plus camper comme ça, n’importe où! Ces sont tous des délinquants” m’avait-t-on prévenu en Molise.
Les Pouilles: Enfer ou Paradis.?
Ce paysage, qui semble pourtant être animé par la même douceur mélancolique qui habite dans les yeux d’Aldo Moro, cacherait-il une réalité brutale?
La vérité se trouve quelque part entre les avertissements des compatriotes et mes rêves romantiques de mer cristalline, des Trullis et des Oliviers millénaires.
Après avoir quitté “l’oasis” de la frontière moliso-apulienne, notre première destination était Torremaggiore. J’y avais réservé par téléphone une chambre chez un agriturismo, la Villa Ciaccia. Celle-ci me rappela peu après ma réservation pour me dire qu’ils avaient vu sur internet qui j’étais et ce que je faisais et qu’on était heureux de m’offrir la chambre à titre gratuit. J’en restais bouche bé.
Le ciel de Torremaggiore était moins généreux et préparait un gros orage avec un sacré vent quand nous nous approchions de la ville. Quand nous atteignions la Villa, les premières gouttes mouillaient déjà la tête du pauvre Gamin, qui déteste la pluie comme au premier jour.
Le séjour fut parfait si bien que j’acceptais volontiers la proposition de rester un jour de plus, puisque la météo était plus que mauvaise.
Notre entrée en Apulie (j’adore le nom plus ancien de cette région) était donc sous une bonne augure.
Les Pouilles couvrent le talon de la botte italienne. Elles sont divisées en plusieures parties: dont Gargano, la Tavoliere delle puglie et la péninsule Salento. Chaque partie a une culture bien distincte. Maglie, la Ville natale d’Aldo Moro, se trouve sur le Salento. Il nous faut donc traverser pratiquement toute la région du nord au sud pour arriver au but.
En allant vers Torremaggiore
Les Pouilles, cette terre pourtant assez grande, mène une existence plutôt discrète dans la perception extérieure...L’Italie du Sud, c’est la Sicile et la Calabre, Naples à la limite, mais les Pouilles? On en parle que très peu chez nous.Mais même en Italie, la Puglia semblent être une “terra icognita.” Dans le nord, peu de gens savent qu’Aldo était apulien et encore moins qu’il était de Maglie ou encore qu’une ville de ce nom existe.
Les animosités de certains italiens du nord envers les méridionaux se concentrent surtout sur la Sicile, notamment la ville de Palerme qui est considérée comme étant un très mauvais endroit. Quand aux Pouilles, on convient sur le fait qu’elles sont belles mais on n’a que peu de sympathie avec ses habitants. “Tutti Stronzi” (Tous des cons) avait insisté la serveuse d’un Bar près de Gênes.
“Fais bien attention! Dans les Pouilles tu ne pourras plus camper comme ça, n’importe où! Ces sont tous des délinquants” m’avait-t-on prévenu en Molise.
Les Pouilles: Enfer ou Paradis.?
Ce paysage, qui semble pourtant être animé par la même douceur mélancolique qui habite dans les yeux d’Aldo Moro, cacherait-il une réalité brutale?
Gamin sur la route apulienne...Quel chemin de fait depuis l'Ardèche.
La vérité se trouve quelque part entre les avertissements des compatriotes et mes rêves romantiques de mer cristalline, des Trullis et des Oliviers millénaires.
Après avoir quitté “l’oasis” de la frontière moliso-apulienne, notre première destination était Torremaggiore. J’y avais réservé par téléphone une chambre chez un agriturismo, la Villa Ciaccia. Celle-ci me rappela peu après ma réservation pour me dire qu’ils avaient vu sur internet qui j’étais et ce que je faisais et qu’on était heureux de m’offrir la chambre à titre gratuit. J’en restais bouche bé.
Le ciel de Torremaggiore était moins généreux et préparait un gros orage avec un sacré vent quand nous nous approchions de la ville. Quand nous atteignions la Villa, les premières gouttes mouillaient déjà la tête du pauvre Gamin, qui déteste la pluie comme au premier jour.
Le séjour fut parfait si bien que j’acceptais volontiers la proposition de rester un jour de plus, puisque la météo était plus que mauvaise.
Notre entrée en Apulie (j’adore le nom plus ancien de cette région) était donc sous une bonne augure.
Devant la Villa Ciaccia
jeudi 22 octobre 2015
Molise
Pas de connexion internet possible durant beaucoup de temps et voilà que j’ai de nouveau un gros retard dans la mise à jour de ce blog. Je suis actuellement déjà dans les Pouilles. Mais avant de vous parler de cette région qui fait la dernière étape du pèlerinage, deux ou trois mots sur Molise, que Gamin et moi avions traversé, avant d’entrer dans le pays natal d’Aldo.
Avant mon départ, vous m’auriez mis dans rembarras en me demandant où se trouve Molise. Cette petite région italienne n’est pas la plus connue. C’est le genre d'endroit où on va seulement si on a un but bien précis.
C’est pourtant un pays magnifique. Un ciel immense qui s’étend sur des collines et des montagnes infinies. Des petites bourgades éparses se trouvent sur les crêtes, entourées de grandes forêts de chênes. “Il regno delle Querce” indique un panneau - le royaume des chênes. Et c'est exactement ça. C’est un pays particulier avec une atmosphère incomparable.
Avant mon départ, vous m’auriez mis dans rembarras en me demandant où se trouve Molise. Cette petite région italienne n’est pas la plus connue. C’est le genre d'endroit où on va seulement si on a un but bien précis.
C’est pourtant un pays magnifique. Un ciel immense qui s’étend sur des collines et des montagnes infinies. Des petites bourgades éparses se trouvent sur les crêtes, entourées de grandes forêts de chênes. “Il regno delle Querce” indique un panneau - le royaume des chênes. Et c'est exactement ça. C’est un pays particulier avec une atmosphère incomparable.
Molise
A Sant' Angelo c'est le maire en personne qui me montre un petit bout de terrain communal où je peux planter la tente. Les courses que je fais dans l'alimentari vont à sa charge. Il avait déjà entendu parler de moi avant mon arrivée : des témoignages et des récits sur Facebook. Eh oui, les réseaux sociaux commencent à jouer un rôle de plus en plus important dans tout ça. Je suis seule, sans vraiment l'être. Mon voyage solitaire se transforme peu à peu en événement médiatique. On en reparlera.
A Lucito, la commune me donne une place sur le campo sportivo. Les habitants du voisinage s'occupent de moi, m'apportent à manger et du foin pour Gamin. On parle, on s'échange. Je suis profondément impressionnée par la grandeur d'esprit et de cœur des Molisiens. Leur horizon d'esprit est aussi large que le ciel de leur pays.
Morrone del Sannio
La dernière ville de Molise où je m'arrête, est Santa Croce. Du bord de son petit parc on voit déjà les Pouilles.
De Santa Croce, au Loin, on voit déjà les Pouilles
Je passe la dernière nuit sur sol molisien sur une petite manufacture agricole artisanale. C'est comme un oasis perdu dans les grands espaces vides. cent mètres plus loin, un petit bosquet : C'est la frontière vers les Pouilles.
dimanche 11 octobre 2015
La grande Pluie
L’automne dans les Abruzzes est sans merci et nous arrivions à Castel di Sangre sous une pluie torrentielle. Les rues se noyaient sous les flaques que les voitures et camions nous renvoyaient sous forme de vagues pour nous arroser encore plus.
Une dame en voiture s'arrêta. Elle se présenta comme étant Raffaela. Je lui expliquais que je cherchais un gîte. N’importe e quel, parce que là, vraiment, on était trempés. Elle se mit à téléphoner et puis me disait : “Il ya un village de vacances, je vais aller les voir et leur demander si ils te prennent, puis je reviens” Sur ce, Raffaela partait. De notre côté, Gamin et moi continuions à progresser vers la ville. Au bout d’un moment, Raffaela revint. “Oui, ils vous prennent!alors suis moi, je vais te montrer où c’est”.
Le front pluvieux s’approche et enveloppe les montagnes autour de Castel di Sangre
On suivait donc la voiture qui avança lentement et s’arrêta tous les 200 mètres afin de nous permettre de la rattraper.
A un moment donné, elle s’arrêta à un edroit où il ne fallait pas. En tout cas aux yeux des carabinieri qui l’interpellaient et voulaient voir ses papiers. “Vous n’allez pas me retarder pour cette connerie ! “ protestait Raffaela. “Je dois montrer à cette voyageuse qui est venue de la France à pied avec son âne où elle peut s’abriter”.
“Vous auriez pu lui montrer à pied”.
“Non! Je vais lui montrer le chemin en voiture! Et c’est urgent!”
“Urgent ? La dame n’est pas en train de mourir”
“Mais il pleut comme c’est pas possible!”
“D’abord vos papiers!”
“Je crois que vous ne vous rendez pas compte de la situation! Cette dame est venue de France et elle fait un pélerinage pour Aldo Moro! Vous avez entendu? Pour ALDO MORO!”
Cet argument sembla faire le poids. Les Carabinieri ne savaient plus trop quoi répondre et laissaient ma guide poursuivre sa mission. Après quelques rues, Raffaela s’arrêta et me disait : “Il faut vraiment que j’aille au boulot maintenant. Mais je vais trouver quelqu’un d’autre pour t’aider. “Sur ce, elle alla sur la rue, arrêta la première voiture venue et demanda aux deux messieurs à l’intérieur de m’emèner au “Parco del Sangre”. Ces derniers étaient d’accord et alors c’est eux que je suivais.
Le Parco del sangre est un beau petit “village” de chalets à vacances. La gérante vint à mon encontre. “Ah, je vous attendais! Je vais vous montrer votre chalet. Vous pouvez attacher l’âne dehors". Son téléphone sonna. C’était Raffaela, mon premier guide, qui voulait savoir si j’étais bien arrivée. “Oui, elle est arivée en ce moment même, tout va bien, on va la mettre au sec et au chaud.”
Je demandais à faire une grosse bise virtuelle à Raffaela, cette petite femme courageuse qui m’a tant aidée.
Un chalet aussi confortable et joli - il est certain qu’il coûte cher, mais trempée comme je le fus, je l’aurais pris, eusse-t-l coûté 80 Euros. Mais loin de là : “Ne te préoccupe pas de ça. On te l’offre.”
Encore? C’est décidément une veine sans pareil! Et une générosité inouïe.
Et comme a pluie était également annoncée pour le lendemain - hop - voilà que on m’offre de rester aussi le jour suivant.
Je profite de ces mini-vacances pour faire des achats en ville, mettre à jour le blog et dessiner un peu.
Le matin du départ, j’ai du mal à sortir de la ville. Tout simplement parce que je suis arrêtée toutes les 30 mètres par des citadins curieux mais gentils qui m’offrent un cappuccino. Je finis par quitter Castel di Sangre transformée en cafetière remplie à ras.
vendredi 2 octobre 2015
Le bourg entre les cerfs
Après maintenant plus de 5 mois de marche, j’ai en moi un épuisement tellement fondamental que l’avancée est devenue nettement plus dure qu’au début du pèlerinage. Les nuits dans la tente sont plus rudes, le froid consomme beaucoup de forces.
Quand nous arrivions à Pescasseroli, j’étais ravie de trouver un camping non loin de la ville.
Oui, ils avaient la place et oui, ils acceptaient l’âne. Que demander de plus?
Mais j’étais tellement fatiguée que je ne me voyais plus du tout faire l’effort de planter la tente, gonfler le matelas et toutes les corvées qui vont avec. Alors je demandais: “Et si je prends un chalet? Ça coûterait quoi?”
40 Euros. C’est plus qu’une nuit à l’hôtel Lo scoaittolo à Castellafiume où j’avais logé quelques jours auparavant. Mais je n’en pouvais plus. Alors adjugé ! Gamin lui, pouvait aller sur le pré du paysan voisin qui l’accueilla avec joie : “La nuit, on va le rentrer dans un box, avec du bon foin et des granulés. Il y sera à l’abri des prédateurs”.
Bref, nuit de luxe pour nous deux. Le lendemain matin, je bâtais Gamin et me prépara à règler mon séjour. “Non” disait la gérante. “On ne va pas te faire payer”.
Ce superbe chalet, gratuit? Je n’en revenais pas.
Eh si! Et mieux encore : “Ta prochaine étape est Viletta Barrea? J’y habite. Tu peux venir camper dans mon jardin”. En voilà une proposition. Je quittais donc Pescasseroli avec la bonne certitude de ne pas avoir à chercher le gîte du soir.
A l’entrée de Viletta, un panneau indiqua “Ville entre les cerfs, ralentissez!” Comment ça, une “ville entre les cerfs”? Un gag publicitaire typique des Abruzzes, où on est tout de même très fier d’héberger une faune vigoureuse, me suis-je dit.
Je me rendais au bar où on m’avait dit d’y aller. Après quelques périples et petits malentendus, la gérante du camping me faisait savoir qu’elle avait trouvé “un poste encore bien mieux.” En effet: Je pouvais aller loger dans le musée des transhumances. Gamin aura la possibilité de paître sur le pré qui s’étend à l’arrière de l’édifice. Donc encore une nuit en abri “dur”, avec repos immédiat, sans travaux de montage de tente.
Après m’être installée dans les lieux, je me rendis à nouveau au bar, histoire de boire quelquechose et de dire rebonjour aux gens qui avaient été si accueillants. Le crépuscule arrivait. Sur le chemin, mon regard fut attirée vers un espace vert...il y avait un énorme cerf. Un cerf, comme ça, en plein milieu du patelin!
Je regardais plus loin - un autre! Vite, retour au musée, prendre la caméra ! Je ressortais et voilà...il y en avait partout. Un immense cerf venait direct vers moi sur la rue, bifurquait dans la grande rue, où un gros camion s’approchait. Le camion ne ralentissait guère, le cerf prit la fuite - mais juste pour éviter la collision. Après, il continuait à se balader parmi les gens, entre les maisons.
“Eh oui, ils sont descendus de la montagne il y a quelques années et depuis, il vivent avec nous. Comme ça.” me raconta la gérante du camping.
“La ville entre les cerfs” - non, ce n’est pas un gag. C’est une autre merveille de ce pays qui ne cesse de surpendre.
Quand nous arrivions à Pescasseroli, j’étais ravie de trouver un camping non loin de la ville.
Oui, ils avaient la place et oui, ils acceptaient l’âne. Que demander de plus?
Mais j’étais tellement fatiguée que je ne me voyais plus du tout faire l’effort de planter la tente, gonfler le matelas et toutes les corvées qui vont avec. Alors je demandais: “Et si je prends un chalet? Ça coûterait quoi?”
40 Euros. C’est plus qu’une nuit à l’hôtel Lo scoaittolo à Castellafiume où j’avais logé quelques jours auparavant. Mais je n’en pouvais plus. Alors adjugé ! Gamin lui, pouvait aller sur le pré du paysan voisin qui l’accueilla avec joie : “La nuit, on va le rentrer dans un box, avec du bon foin et des granulés. Il y sera à l’abri des prédateurs”.
Gamin, au coeur des Abruzzes
Bref, nuit de luxe pour nous deux. Le lendemain matin, je bâtais Gamin et me prépara à règler mon séjour. “Non” disait la gérante. “On ne va pas te faire payer”.
Ce superbe chalet, gratuit? Je n’en revenais pas.
Eh si! Et mieux encore : “Ta prochaine étape est Viletta Barrea? J’y habite. Tu peux venir camper dans mon jardin”. En voilà une proposition. Je quittais donc Pescasseroli avec la bonne certitude de ne pas avoir à chercher le gîte du soir.
A l’entrée de Viletta, un panneau indiqua “Ville entre les cerfs, ralentissez!” Comment ça, une “ville entre les cerfs”? Un gag publicitaire typique des Abruzzes, où on est tout de même très fier d’héberger une faune vigoureuse, me suis-je dit.
Passage de cerfs. Ralentissez !
Je me rendais au bar où on m’avait dit d’y aller. Après quelques périples et petits malentendus, la gérante du camping me faisait savoir qu’elle avait trouvé “un poste encore bien mieux.” En effet: Je pouvais aller loger dans le musée des transhumances. Gamin aura la possibilité de paître sur le pré qui s’étend à l’arrière de l’édifice. Donc encore une nuit en abri “dur”, avec repos immédiat, sans travaux de montage de tente.
Après m’être installée dans les lieux, je me rendis à nouveau au bar, histoire de boire quelquechose et de dire rebonjour aux gens qui avaient été si accueillants. Le crépuscule arrivait. Sur le chemin, mon regard fut attirée vers un espace vert...il y avait un énorme cerf. Un cerf, comme ça, en plein milieu du patelin!
Je regardais plus loin - un autre! Vite, retour au musée, prendre la caméra ! Je ressortais et voilà...il y en avait partout. Un immense cerf venait direct vers moi sur la rue, bifurquait dans la grande rue, où un gros camion s’approchait. Le camion ne ralentissait guère, le cerf prit la fuite - mais juste pour éviter la collision. Après, il continuait à se balader parmi les gens, entre les maisons.
Le cerf et le camion
“Eh oui, ils sont descendus de la montagne il y a quelques années et depuis, il vivent avec nous. Comme ça.” me raconta la gérante du camping.
“La ville entre les cerfs” - non, ce n’est pas un gag. C’est une autre merveille de ce pays qui ne cesse de surpendre.
mercredi 30 septembre 2015
Auguri, Aldo!
Le voilà qu’il a 99 ans, le monsieur à qui ce voyage est dédié. C’était le 23 Septembre déjà, mais la situation de connexion internet n’a pas permis une publication en temps réel.
Bon anniversaire, Aldo!
vendredi 25 septembre 2015
La Cabane
Nous avions quitté le beau camping à Pereto assez tôt dans la matinée, car une très longue étape dans la montagne nous attendait pour atteindre Camporotondo. Le ciel était pluvieux et un vent froid soufflait du nord.
L’automne est définitivement arrivé dans les Abruzzes. Il faudra voir à se dépêcher pour les traverser avant l’arrivée du temps vraiment mauvais.
Gamin et moi entamions donc l’ascension. Arrivés sur le haut-plateau, nous rencontrions à nouveau des hardes de chevaux et de bovins en liberté. Il faisait de plus en plus froid et le vent augmenta. On n’avançait pas aussi vite que prévu, car les rafales nous ralentissaient considérablement. La solitude de la montagne commençait à avoir des airs menaçants, avec les nuages noirs qui gonflaient derrière les crêtes. Le doute, si on arrivait à Camporotondo avant la tombée de la nuit, s’installait.
De loin j’aperçus un troupeau de brebis, cette fois ci gardé par un berger. .Je lui demandais si Camporotondo était encore loin. Il me faisait tout de suite savoir qu’il était roumain et ne parlait pratiquement pas l’italien. Mais il pointait sur sa montre et essayait de m’expliquer que je n’arriverai pas en lieu habité avant l’obscurité. “Les loups ! Les ours!” répétait-il.
Ben,oui, je sais. Je repris la route, déterminée de nous chercher un coin pour camper.
Au loin j’aperçus un petit refuge et je décidais de monter la tente près de cette cabane. Mais avant même de pouvoir m’installer, le berger roumain, qui m’avait rattrapé, se précipita vers moi. Il a fallu du temps pour que je comprenne (à peu près) qu’il voulait que je vienne avec lui, car apparemment, il habitait dans un autre refuge un peu plus loin. “Toi Señorita seule, Loups, Ours, moi petit déjeuner, lit”.
Señorita? En effet, des peux de mots italiens qu’ils connaissait, la moitié furent de l’espagnol. Il appelait Gamin “cavallo” (cheval) et aucune tentative de ma part de corriger ça en “asino” (âne) n’était fructueuse.
Le refuge qu’il avait transformé en habitation était une petite cabane sans électricité ni eau, mais avec un cheminé à l’âtre et trois lits. Une table et une cuisinière à gaz complétaient le tout. Autour de la cabane, traînait un nombre important d’ossements. Impossible de dire si il s’agissait des restes de repas des loups ou du berger.
Je préparais l’installation de la tente ce qui - comme je l’avais craigné - contrariait fortement mon hôtelier. Il insista pour que je vienne dormir dans un des lits de la cabane.
Les lectrices comprendront peut être un peu mieux que les lecteurs si je dis que dormir dans la même pièce avec un inconnu dans la montagne solitaire, à 1500 mètres, loin de toute civilisation, ne répond pas à mes besoins de sécurité, pourtant très basiques..
Je criais donc assez fortement “Tu me laisses faire, c’est ma tente, ma maison et je veux dormir dans ma maison à moi!”
Pendant que je déballais tout, il se mettait à fouiller mes affaires. Il s’empara du livre de Torrita Tiberina que la mairie m’avait offert et le feuilleta avec peu de délicatesse. Apparemment il ne comprit pas ce que Torrita Tiberina veut dire et insista sur une explication.
Comment expliquer à quelqu’un qui a du mal à comprendre les phrases italiennes les plus simples, ce qu’est Torrita est qu’ il est en train de maltraiter un de mes trésors affectifs les plus précieux?
Je repris le livre, le pressa contre moi tout en disant “Torrita est un village, MON village!”. Un résumé très, très grosso-modo de la vérité, mais adapté à la situation.
Je ne sais pas si il a compris, mais au moins il laissait le livre tranquille.
Le temps se gâtait. Des rafales de vent glaciales dévalaient sur la montagne et un brouillard dense et froid émergea derrière la barrière rocheuse.
J’avais froid, très froid. Le berger allumait le feu dans la cabane, ce qui m’attira vers l’intérieur. Il essaya de s’expliquer et au bout d’un moment, je crus comprendre qu’il avait été soldat de l’OTAN en Afghanistan et subi une blessure cérébrale, ce qui lui avait valu une perte de mémoire et avec ça, une perte des connaissances linguistiques.
Je pense qu’il a bien dit la vérité. Il est évident qu’il n’était pas juste un “homme simple”. Il souffrait visiblement de ses déficits dont il était pleinement conscient”.
Dehors, le temps était devenu épouvantable. La nuit tomba, apportant un noir absolu. Je finis par accepter de dormir à l’intérieur. Cela le réjouissait. Il avait bien compris la nature de ma peur et répétait qu’il était “un homme bon, pas comme les italiens”. Il semble que les bombes vous font plus facilement perdre la mémoire des langues que celle des préjugés. Sic.
Il va sans dire que le lit proche du feu était bien plus agréable que l’eut été le matelas dans la tente. Mais bien entendu, je restais crispée.
Soudain on entendit un concert d’hurlements dehors. Les chiens répondirent avec des aboiements furieux. Les loups! Gamin se mit à braire à son tour. “Mon cheval, ils vont manger mon cheval!” criais-je et me relevait du lit.
Le berger enfilait sa veste et ouvrit la porte. “Non, tout va bien” me disait il. “le feu va les chasser”. Bref, on laissait la porte ouverte.
Après un moment, le berger repartit vers la porte. Il avait entendu quelque chose qui m’avait échappé. “Des braconniers” disait il. “Je vais partir, une heure”. Il s’habillait, prenait la torche et disparut dans la nuit noire et le vent.
Je ne sais vraiment pas ce qui, au final, était pire: être seule avec lui dans la cabane ou toute seule à minuit avec dehors, les loups - et lui en train de traquer des braconniers .
Je me blottissais sous la couverture. Eh ben, voici donc mon anniversaire ! Super !
Ben oui, mes 50 piges! .J’ai toujours eu peur que le cinquantième sera un jour de banalité morose dans la conscience que la vieillesse est arrivée et que plus rien d’intéressant ne se déroulera dans ma vie.
C’est un peu comme si l’univers m’avais dit : “Tu veux un 50éme hors du commun? si ce n’est que ça,... te voilà servie!”
Je ne sais pas comment j’ai réussi à m’endormir, mais je l’ai fait. Je me levais à la première lueur. La pluie avait cessée, mais il faisait froid. Gamin était encore en une seule pièce et respirait. Donc, j’avais tout ce qu’il fallait pour quitter ce lieu le plus rapidement.
Le berger insistait que je lui téléphone dès que je serais à Camporotondo. Je lui disais: “Ecoute, tu vois bien qu’on a un très gros problème de communication. Ça ne ne sera pas mieux au téléphone, au contraire, alors pourquoi veux tu absolument que je t’apelle?” Il n’a pas compris mon objection ou ne voulait pas comprendre. J’ai fini par dire oui a tout juste pour pouvoir partir.
En route pour Camporotondo mes pensées tournaient autour du vécu. J’aurais peut être du être plus gentille, plus patiente. Mais moi aussi j’ai mes limites. Je n’ai pas pu. La nuit passée fut une des plus insolites du voyage, c'est certain.
L’automne est définitivement arrivé dans les Abruzzes. Il faudra voir à se dépêcher pour les traverser avant l’arrivée du temps vraiment mauvais.
A Pereto déjà, le temps se gâte
Gamin et moi entamions donc l’ascension. Arrivés sur le haut-plateau, nous rencontrions à nouveau des hardes de chevaux et de bovins en liberté. Il faisait de plus en plus froid et le vent augmenta. On n’avançait pas aussi vite que prévu, car les rafales nous ralentissaient considérablement. La solitude de la montagne commençait à avoir des airs menaçants, avec les nuages noirs qui gonflaient derrière les crêtes. Le doute, si on arrivait à Camporotondo avant la tombée de la nuit, s’installait.
De loin j’aperçus un troupeau de brebis, cette fois ci gardé par un berger. .Je lui demandais si Camporotondo était encore loin. Il me faisait tout de suite savoir qu’il était roumain et ne parlait pratiquement pas l’italien. Mais il pointait sur sa montre et essayait de m’expliquer que je n’arriverai pas en lieu habité avant l’obscurité. “Les loups ! Les ours!” répétait-il.
Sur le Haut-plateau
Ben,oui, je sais. Je repris la route, déterminée de nous chercher un coin pour camper.
Au loin j’aperçus un petit refuge et je décidais de monter la tente près de cette cabane. Mais avant même de pouvoir m’installer, le berger roumain, qui m’avait rattrapé, se précipita vers moi. Il a fallu du temps pour que je comprenne (à peu près) qu’il voulait que je vienne avec lui, car apparemment, il habitait dans un autre refuge un peu plus loin. “Toi Señorita seule, Loups, Ours, moi petit déjeuner, lit”.
Señorita? En effet, des peux de mots italiens qu’ils connaissait, la moitié furent de l’espagnol. Il appelait Gamin “cavallo” (cheval) et aucune tentative de ma part de corriger ça en “asino” (âne) n’était fructueuse.
Le refuge qu’il avait transformé en habitation était une petite cabane sans électricité ni eau, mais avec un cheminé à l’âtre et trois lits. Une table et une cuisinière à gaz complétaient le tout. Autour de la cabane, traînait un nombre important d’ossements. Impossible de dire si il s’agissait des restes de repas des loups ou du berger.
La cabane du berger - un refuge transformé en habitation. Au loin, Gamin.
Je préparais l’installation de la tente ce qui - comme je l’avais craigné - contrariait fortement mon hôtelier. Il insista pour que je vienne dormir dans un des lits de la cabane.
Les lectrices comprendront peut être un peu mieux que les lecteurs si je dis que dormir dans la même pièce avec un inconnu dans la montagne solitaire, à 1500 mètres, loin de toute civilisation, ne répond pas à mes besoins de sécurité, pourtant très basiques..
Je criais donc assez fortement “Tu me laisses faire, c’est ma tente, ma maison et je veux dormir dans ma maison à moi!”
Pendant que je déballais tout, il se mettait à fouiller mes affaires. Il s’empara du livre de Torrita Tiberina que la mairie m’avait offert et le feuilleta avec peu de délicatesse. Apparemment il ne comprit pas ce que Torrita Tiberina veut dire et insista sur une explication.
Comment expliquer à quelqu’un qui a du mal à comprendre les phrases italiennes les plus simples, ce qu’est Torrita est qu’ il est en train de maltraiter un de mes trésors affectifs les plus précieux?
Je repris le livre, le pressa contre moi tout en disant “Torrita est un village, MON village!”. Un résumé très, très grosso-modo de la vérité, mais adapté à la situation.
Je ne sais pas si il a compris, mais au moins il laissait le livre tranquille.
Le temps se gâtait. Des rafales de vent glaciales dévalaient sur la montagne et un brouillard dense et froid émergea derrière la barrière rocheuse.
J’avais froid, très froid. Le berger allumait le feu dans la cabane, ce qui m’attira vers l’intérieur. Il essaya de s’expliquer et au bout d’un moment, je crus comprendre qu’il avait été soldat de l’OTAN en Afghanistan et subi une blessure cérébrale, ce qui lui avait valu une perte de mémoire et avec ça, une perte des connaissances linguistiques.
A la cabane, le feu m'attirait irrésistiblement.
Je pense qu’il a bien dit la vérité. Il est évident qu’il n’était pas juste un “homme simple”. Il souffrait visiblement de ses déficits dont il était pleinement conscient”.
Dehors, le temps était devenu épouvantable. La nuit tomba, apportant un noir absolu. Je finis par accepter de dormir à l’intérieur. Cela le réjouissait. Il avait bien compris la nature de ma peur et répétait qu’il était “un homme bon, pas comme les italiens”. Il semble que les bombes vous font plus facilement perdre la mémoire des langues que celle des préjugés. Sic.
Il va sans dire que le lit proche du feu était bien plus agréable que l’eut été le matelas dans la tente. Mais bien entendu, je restais crispée.
Soudain on entendit un concert d’hurlements dehors. Les chiens répondirent avec des aboiements furieux. Les loups! Gamin se mit à braire à son tour. “Mon cheval, ils vont manger mon cheval!” criais-je et me relevait du lit.
Le berger enfilait sa veste et ouvrit la porte. “Non, tout va bien” me disait il. “le feu va les chasser”. Bref, on laissait la porte ouverte.
Après un moment, le berger repartit vers la porte. Il avait entendu quelque chose qui m’avait échappé. “Des braconniers” disait il. “Je vais partir, une heure”. Il s’habillait, prenait la torche et disparut dans la nuit noire et le vent.
Je ne sais vraiment pas ce qui, au final, était pire: être seule avec lui dans la cabane ou toute seule à minuit avec dehors, les loups - et lui en train de traquer des braconniers .
Je me blottissais sous la couverture. Eh ben, voici donc mon anniversaire ! Super !
Ben oui, mes 50 piges! .J’ai toujours eu peur que le cinquantième sera un jour de banalité morose dans la conscience que la vieillesse est arrivée et que plus rien d’intéressant ne se déroulera dans ma vie.
C’est un peu comme si l’univers m’avais dit : “Tu veux un 50éme hors du commun? si ce n’est que ça,... te voilà servie!”
Je ne sais pas comment j’ai réussi à m’endormir, mais je l’ai fait. Je me levais à la première lueur. La pluie avait cessée, mais il faisait froid. Gamin était encore en une seule pièce et respirait. Donc, j’avais tout ce qu’il fallait pour quitter ce lieu le plus rapidement.
Le berger insistait que je lui téléphone dès que je serais à Camporotondo. Je lui disais: “Ecoute, tu vois bien qu’on a un très gros problème de communication. Ça ne ne sera pas mieux au téléphone, au contraire, alors pourquoi veux tu absolument que je t’apelle?” Il n’a pas compris mon objection ou ne voulait pas comprendre. J’ai fini par dire oui a tout juste pour pouvoir partir.
En route pour Camporotondo mes pensées tournaient autour du vécu. J’aurais peut être du être plus gentille, plus patiente. Mais moi aussi j’ai mes limites. Je n’ai pas pu. La nuit passée fut une des plus insolites du voyage, c'est certain.
Des hardes de chevaux en liberté, sur la montagne entre Pereto et Camporotondo.
mardi 22 septembre 2015
Déforestation publique
Un petit post off-topic, en attendant la finition du nouvel article.
On m'a fait savoir qu'il était prévu de supprimer la mairie de Harsault, donc du village où j'habite. Une collecte de signatures, une pétition a été organisée pour empêcher cet acte.
Bon, après avoir successivement supprimé d'abord le bureau de poste régulier, puis le poste de la gérante du "pt'it coin postal" à la mairie, on fait maintenant sauter la mairie toute entière? Eh bé.
Si j'avais été la là, j'aurais ajouté ma signature à la pétition, soyez-en sûrs.
Torrita Tiberina est à peine plus grand que Harsault (un peu plus de 1000 habitants dispersés sur les hameaux et les collines ...)
La mairie se trouve au centre du village et de la vie de celui-ci. Il y a des bars, un alimentari, une pharmacie, une école...C'est une commune petite, mais VIVANTE.
Il y a tout ce qui manque actuellement à Harsault.
L'état italien a pourtant moins de sous que l'état français. Oui, parce que Je sais bien que c'est une histoire de fric. Et si on se payait un missile nucléaire de moins? Ça coûte bonbon ces gadgets là et ça sert à rien.
"Think Gloabl, act local" Il faudrait renforcer les efforts pour faire revivre le local. Partout.
On m'a fait savoir qu'il était prévu de supprimer la mairie de Harsault, donc du village où j'habite. Une collecte de signatures, une pétition a été organisée pour empêcher cet acte.
Bon, après avoir successivement supprimé d'abord le bureau de poste régulier, puis le poste de la gérante du "pt'it coin postal" à la mairie, on fait maintenant sauter la mairie toute entière? Eh bé.
Si j'avais été la là, j'aurais ajouté ma signature à la pétition, soyez-en sûrs.
Torrita Tiberina est à peine plus grand que Harsault (un peu plus de 1000 habitants dispersés sur les hameaux et les collines ...)
La mairie se trouve au centre du village et de la vie de celui-ci. Il y a des bars, un alimentari, une pharmacie, une école...C'est une commune petite, mais VIVANTE.
Il y a tout ce qui manque actuellement à Harsault.
L'état italien a pourtant moins de sous que l'état français. Oui, parce que Je sais bien que c'est une histoire de fric. Et si on se payait un missile nucléaire de moins? Ça coûte bonbon ces gadgets là et ça sert à rien.
"Think Gloabl, act local" Il faudrait renforcer les efforts pour faire revivre le local. Partout.
A Torrita Tiberina, la vie publique fleurit.
vendredi 11 septembre 2015
Les Abruzzes sauvages
Si je continue juste tout droit vers le sud je finis par.... tomber dans la mer. Ou tout au moins, par atterrir en Calabre. Pour aller en Pouilles, il faut donc, à un certain moment, procédér à un virement assez prononçé vers l’est. Ce tournant, j’avais prévu de le faire après avoir passé la hauteur de Naples.
Depuis mon entrée en Italie, on m’avait déconseillé de traverser la Campagnia. Trop d’insécurité, peu d’espace vraiment naturel et surtout,une grosse agglomération, celle de Naples.
Rome n’est déjà pas facile de contourner : depuis mon départ de Torrita Tiberina, je me suis retrouvée prisonnière de toutes ces rues qui mènent à Rome. Un centre de gravitation auquel on n’échappe pas si facilement. Si l'agglomération de Naples est pire, il est clair que mon trajet n’est pas optimal.
Une alternative consiste à bifurquer vers l’Est dès maintenant, vers les Abruzzes. Ce virement vers l’est, il faut donc l’anticiper.
Le problème avec ça, c’est qu’on aura de nouveau de la montagne à faire ; avec des pentes, des sentiers merdouilleux, des loups, des ours et tout ce qui va avec. Mais franchement, je préfère finir dans la gueule d’un loup que sous un camion à Rome. Ou dans une prison romaine pour avoir bouffé vif un passant qui aurait crié “ooooh un âne” un fois de trop.
Nous attaquions donc le Monte Gennaro sur un sentier raide. L’ascension se passait bien, malgré l’état du sentier parfois vraiment limite.
Une fois arrivé sur le haut plateau, nous traversions une forêt composée de gros arbres. De véritables personnalités! Chacun unique, chacun vieux de plusieurs centenaires. Un paysage magique comme issu d’un conte de fées.
Finalement, une vaste prairie parsemée de rochers et de buissons s’ouvrit devant nous. Le Prato della chiesetta. Une grande plaine, peuplée de chevaux et de bovins. Des troupeaux qui vivent ici, librement, sans clôture aucune. Un spectacle grandiose!
Je plantais la tente près de la petite cabane en pierre. La nuit fut tranquille, mais au petit matin, j’entendis Gamin braire...de loin. Je me ruais hors de la tente pour voir où était l’âne.
Eh ben, le voilà parti!
Il faisait encore nuit, seule une petite lueur derrière les crêtes annoncait l’aube. Sur l’immense prairie, on voyait les ombres des chevaux et des bovins, mais pas celui de Gamin. Je cherchais, je l’appellais. Rien.
A l’aurore, j’avais espoir de le retrouver. Enfin plus de visibilité. Mais toujours rien. Un harde de chevaux descendait d’une lointaine colline sous un tonnerre de galopade, puis disparut à nouveau dans un canyon. Et si ils avaient emmené Gamin avec eux.? Normalement, un âne ne s’éloigne pas trop du camp. Mais ici, avec tous ces troupeaux...
Et une autre pensée; Si il a fui des loups? Qui sait si ces prédateurs se sont rendus compte qu’il était attaché et donc une proie facile. Des milles pensées me tracassaient.
Après une heure, un groupe d’hommes arriva. Je leur exposais mon problème. Ils étaient tout de suite prêts à m’aider. Mais assez pessimistes: “C’est tellement grand ici, il te faudra peut être des jours pour le retrouver.”
J’étais prête à attendre ici jusqu’à ce que je retrouve mon Gamin. J’avais des provisions pour deux jours. Les hommes me proposèrent qu’ils me ramèneraient des vivres si vraiment, je devais ester plus longtemps que ça.
On parlait et soudain. L’un d’eux pointait vers une colline: “C’est un âne, non?”
Eh oui! le voilà. Quand il me vit, Gamin courut vers moi. Quel soulagement. Je remerciais les hommes et nous quittions le haut plateau pour descendre à Licenza.
Nous laissions derrière nous un des lieux les plus exceptionnels, les plus sauvages et les plus beaux du voyage.
Depuis mon entrée en Italie, on m’avait déconseillé de traverser la Campagnia. Trop d’insécurité, peu d’espace vraiment naturel et surtout,une grosse agglomération, celle de Naples.
Rome n’est déjà pas facile de contourner : depuis mon départ de Torrita Tiberina, je me suis retrouvée prisonnière de toutes ces rues qui mènent à Rome. Un centre de gravitation auquel on n’échappe pas si facilement. Si l'agglomération de Naples est pire, il est clair que mon trajet n’est pas optimal.
Crépuscule à Monterotondo
Une alternative consiste à bifurquer vers l’Est dès maintenant, vers les Abruzzes. Ce virement vers l’est, il faut donc l’anticiper.
Le problème avec ça, c’est qu’on aura de nouveau de la montagne à faire ; avec des pentes, des sentiers merdouilleux, des loups, des ours et tout ce qui va avec. Mais franchement, je préfère finir dans la gueule d’un loup que sous un camion à Rome. Ou dans une prison romaine pour avoir bouffé vif un passant qui aurait crié “ooooh un âne” un fois de trop.
Nous attaquions donc le Monte Gennaro sur un sentier raide. L’ascension se passait bien, malgré l’état du sentier parfois vraiment limite.
Sur le sentier qui mène au Monte Gennaro
Des arbres singuliers règnent sur le Haut-plateau.
Finalement, une vaste prairie parsemée de rochers et de buissons s’ouvrit devant nous. Le Prato della chiesetta. Une grande plaine, peuplée de chevaux et de bovins. Des troupeaux qui vivent ici, librement, sans clôture aucune. Un spectacle grandiose!
Un buffle.
Parfois, les loups viennent pour se servir...
Je plantais la tente près de la petite cabane en pierre. La nuit fut tranquille, mais au petit matin, j’entendis Gamin braire...de loin. Je me ruais hors de la tente pour voir où était l’âne.
Eh ben, le voilà parti!
Il faisait encore nuit, seule une petite lueur derrière les crêtes annoncait l’aube. Sur l’immense prairie, on voyait les ombres des chevaux et des bovins, mais pas celui de Gamin. Je cherchais, je l’appellais. Rien.
A l’aurore, j’avais espoir de le retrouver. Enfin plus de visibilité. Mais toujours rien. Un harde de chevaux descendait d’une lointaine colline sous un tonnerre de galopade, puis disparut à nouveau dans un canyon. Et si ils avaient emmené Gamin avec eux.? Normalement, un âne ne s’éloigne pas trop du camp. Mais ici, avec tous ces troupeaux...
Et une autre pensée; Si il a fui des loups? Qui sait si ces prédateurs se sont rendus compte qu’il était attaché et donc une proie facile. Des milles pensées me tracassaient.
Après une heure, un groupe d’hommes arriva. Je leur exposais mon problème. Ils étaient tout de suite prêts à m’aider. Mais assez pessimistes: “C’est tellement grand ici, il te faudra peut être des jours pour le retrouver.”
J’étais prête à attendre ici jusqu’à ce que je retrouve mon Gamin. J’avais des provisions pour deux jours. Les hommes me proposèrent qu’ils me ramèneraient des vivres si vraiment, je devais ester plus longtemps que ça.
On parlait et soudain. L’un d’eux pointait vers une colline: “C’est un âne, non?”
Eh oui! le voilà. Quand il me vit, Gamin courut vers moi. Quel soulagement. Je remerciais les hommes et nous quittions le haut plateau pour descendre à Licenza.
Nous laissions derrière nous un des lieux les plus exceptionnels, les plus sauvages et les plus beaux du voyage.
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